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Grand Angle

Maroc : L'association Jood veut lancer des douches mobiles pour les sans-abris

C’est un beau projet dans lequel se lance l’association Jood, qui agit au profit des sans-abris. L’association veut importer le concept des camions douches au Maroc. Yabiladi a contacté sa présidente, Hind Laidi, qui nous en dit plus.

Publié
./Ph. DR
Temps de lecture: 3'

Le mot d’ordre chez Jood c’est «agir pour la dignité des sans-abris», en leur offrant des repas hebdomadaires, des vêtements, des couvertures et des médicaments. A but non lucratif et totalement indépendante, l’association apporte un soutien essentiel pour la réinsertion de ces personnes au sein de la société.

L’action phare de l’association depuis sa création en 2015, est d’offrir un accès au hammam aux plus démunis, essentiellement les sans-domicile fixe. Comme nous explique Hind Laidi, présidente de l’association : «cette initiative est de loin la plus réussie de toutes».

Exclus des hammams traditionnels

Une fois par mois, l’association réservait un hammam, généralement dans les quartiers populaires de Casablanca, et diffusait l’information aux près des bénéficiaires. Sur place l’association fournissait des packs, comportant les produits de base ; savon, gant, gel douche, shampoing, mais aussi une tenue complète. Pour les plus jeunes l’association payait même des masseuses (Kessala). A la fin, ils en sortaient «propre, heureux et avec le sourire», affirme Hind.

Cependant, l’association a dû arrêter, car elle provoqué beaucoup de bruit : «ça dérangeait et à chaque fois qu’on réservait un hammam les clients venaient se plaindre, évoquant les risques liés aux maladies contagieuses». Hind ne réfute pas complètement cette accusation : «les maladies sont effectivement contagieuses. La plupart du temps il s’agit de la gale ou de la tuberculose». Le risque reste présent, car ces personnes vivent généralement en communauté, et la maladie se propage plus rapidement, précise Hind.  

Pourtant l’association prenait toutes les mesures de précautions, «on nettoyait tout nous même avec de l’eau de javel, et on frottait tout». Mais cela n'a pas suffi pour calmer les polémiques et l’association a dû supprimer cette action de son programme suite aux nombreux refus de la part des établissements.

«Pourtant grâce à cette petite heure au hammam, nous avons sorti bon nombre de la rue. Tous étaient contents en sortant du hammam, il étaient bien habillés, bien coiffés et rasés. Certains nous disaient même qu’ils allaient se remettre à chercher du travail. D’autres allaient revoir leur famille, car il gagnaient en auto-estime».
Hind Laidi, présidente de l'association Jood

Un projet reposant sur les dons de particuliers

Malgré cet échec, Hind retrouve espoir «grâce à une vidéo qu’un ami m’a envoyée». Il s’agissait d’un «shower truck», un camion de douche mobile, assez répandu aux Etats Unis, au Canada et en Europe, mais inconnu au Maroc.  

L’idée a tout de suite attisé la curiosité de la présidente, qui contactera un Marocain naturalisé américain et spécialisé dans l’aménagement de camion. Il l’a mettra en contact avec une société marocaine, qui en fabrique. Le choix se portera sur un camion de 3.5 tonnes et de l’aménager en douche mobile grâce à des ingénieurs spécialisés dans la transformation de véhicules pour créer un prototype sur mesure totalement autonome en eau et énergie.

Le véhicule embarquera 800 litres d’eau et sera équipé de 3 cabines de douche, une position de coiffeur, et une autre de rasage, des rangements de vêtement propres et chaussures, pour ainsi permettre à ces personnes d’avoir une bonne hygiène.

Mais ce beau projet a un coût faramineux, qui nécessite une grande mobilisation d'argent. Pour cela, l’association a récemment lancé un appel aux dons, pour la subvention de ce projet, dont le budget avoisine le demi-million de dirhams. Sans subventions étatiques, sponsors, ou mécènes, l’association a toujours compté sur l’aide des particuliers, explique la présidente. 

A ce jour la cagnotte s’élève à plus de 71 000 DH sur un besoin total de 440 000 DH. La tâche semble difficile, mais Hind y croit dur comme fer. Car «depuis le début Jood travaille de cette façon. On compte sur l’aide des particuliers et c’est grâce à eux que nous sommes passés de 100 repas distribués à 1 500 aujourd’hui. C’est pour cela qu’on y croit et je suis même certaine qu’on y arrivera», nous explique-t-elle.

Toutes les informations et étapes à suivre figurent sur la page Facebook de l’association. Il est aussi possible de faire des dons en nature ou de rejoindre l’équipe en devenant bénévole, pour agir pour la dignité des sans-abris aux côtés de Jood.

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