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Grand Angle

Lahcen Daoudi au sit-in des salariés de Danone : Messages envoyés au patronat et à la France

De hauts cadres du PJD sont vent debout contre la présence de Lahcen Daoudi au sit-in des salariés de Centrale Danone.

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Lahcen Daoudi lors du sit-in des salariés de Centrale Danone. DR
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En manifestant avec les salariés de Centrale Danone, Lahcen Daoudi a fait d’une seule pierre plusieurs coups. La décision du ministre des Affaires générales et de la gouvernance n’est en aucun désintéressée ; elle est hautement politique, obéissant à des calculs politiques et électoraux.

En se mêlant avec les ouvriers et par extension les agriculteurs, Lahcen Daoudi consolide l’attractivité de son parti auprès d’un électorat appelé à renvoyer l’ascenseur au PJD au moment opportun.

Le ministre, qui cristallise la colère des Marocains sur les réseaux sociaux, a sans doute permis à sa formation de réduire la méfiance du monde des affaires à l'égard du parti de la Lampe. Le PJD est d’ailleurs le seul à se prononcer ouvertement pour la préservation de l’investissement national et étranger alors que les autres partis ont plutôt opté pour le silence face à la campagne de boycott.

Dissiper la méfiance du patronat vis-à-vis de son parti

Les quelques minutes que Daoudi a passé hier soir avec les salariés de Centrale Danone pourraient avoir un effet bénéfique pour les islamistes dans leur relation avec les grandes entreprises. Cette action symbolique est un message fort, plus impactant que les campagnes de communication et de séduction d'un patronat qui résiste encore au discours des islamistes. Enfin, surtout pour les grandes entreprises, car au niveau des PME, le PJD compte déjà une antenne qui lui est proche : l’Association Amal, qui avait invité en 2013 Recep Tayyip Erdogan à assister à l’un de ses congrès à Casablanca.

Les messages d'amour de Lahcen Daoudi au patronat rappelle un vieux projet de Saâdeddine El Othmani. Durant son premier mandat à la tête du PJD (2004-2008), il avait scellé une alliance avec le parti Forces Citoyennes, dirigé à l’époque par Abderrahim Lahjouji, ancien président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

Néanmoins, le contexte était peu propice à une telle initiative. A la méfiance des investisseurs correspondait un rejet de la base des islamistes hostiles aux milieux des affaires. Un rejet qui s’est traduit par le refus des pjdistes de Casablanca de suivre l’ordre donné par El Othmani de voter en faveur de la candidature de Lahjouji aux élections législatives de 2007, lui préférant celle du religieux Abdelbari Zamzami. Celui-ci s’était présenté sous les couleurs d’Annhada wal El Fadila, parti pourtant issu d'une scission du PJD.

Les partenaires économiques du Maroc, notamment l’Union européenne, restent également relativement méfiants à l’égard du PJD. Durant le mandat d’Abdelilah Benkirane, aucun pays de l’UE ne lui avait adressé une invitation. Les rares voyages étaient pour représenter le roi Mohammed VI lors de rencontres internationales, tel le sommet France-Afrique de décembre 2013 à Paris, ou pour présider, en juin 2015 à Madrid, la haute commission mixte, ou enfin pour la rencontre de haut niveau du Club des chefs d’entreprises France-Maroc, tenue à Paris en mai 2015.

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