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Grand Angle    

Le Musée du Louvre montre comment «Delacroix a été frappé par le mode de vie des Marocains»

Le voyage d’Eugène Delacroix au Maroc n’aura duré que six mois, mais il sera déterminant dans sa vie artistique. Le Maroc «le hantera» jusqu’à sa mort et son influence sera présente dans la majorité de ses œuvres.

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Ph. DR.
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Le Musée du Louvre à Paris accueille l’exposition Delacroix, une rétrospective sur les œuvres majeures du peintre. Son séjour de six mois au Maroc «sera déterminant dans sa vie», affirme Marie-Pierre Salé, conservatrice au Musée du Louvre, sur les ondes de France Culture.

Eugène Delacroix (1798 – 1863), décrit comme un mondain de Paris, se rendra en Andalousie, au Maroc et en Algérie. A l’époque, des expéditions lui ont été proposées. Il a alors décidé d’y aller à ses propres frais. En 1832, il accompagne la mission diplomatique française auprès du sultan Moulay Abd Al-Rahman (1822 – 1859).

Un voyage improbable

Plus précisément, c’est le 11 janvier 1832 qu’Eugène Delacroix prend le large en direction de Tanger, à bord de La Perle amarré en rade de Toulon. Il faut dire que ce voyage a été planifié de manière plutôt hasardeuse. Dépêché à la place du peintre Eugène Isabey, qui a decliné l’invitation, c’est comme cela que Delacroix s’est retrouvé en compagnie de l’ambassade envoyée par le roi Louis-Philippe auprès du sultan marocain. Il sera conduit plus tard dans le dédale des rues et des souks de Meknès.

Au fil de ce voyage, terminé en juillet 1832 et ayant permis à Delacroix de faire escale notamment en Espagne et à Alger, celui-ci rassemble aide-mémoire et croquis. Il est convaincu que «la quantité assez notable de renseignements» rapportés avec lui ne «servira que médiocrement» : «Loin du pays où je les trouve, ce sera comme les arbres arrachés à leur sol natal.»

Mais son cheminement de vie en a décidé autrement. Ce sont ces carnets-là qui donneront naissance, des années plus tard, aux œuvres qui font aujourd’hui son empreinte artistique. Durant des mois, Delacroix a en effet dessiné et noté tout ce qu’il a attisé sa curiosité.

Sortir de l’orientalisme

Au Maroc, «Delacroix a certes observé la réalité et s’en est imprégné, mais il n’a pas cherché, comme les peintres orientalistes, à restituer ensuite fidèlement une multiplicité de petits détails pittoresques», indique France Culture.

Ainsi, son regard et sa vision s’attarderont sur les détails «notamment les costumes», car comme explique la conservatrice :

«Delacroix a été frappé et touché par le mode de vie qu’il considérait comme antique, naturel, simple. Il a été marqué par la façon dont les Marocains se drapaient avec élégance avec peu de tissus, subjugué par la beauté des couleurs, des paysages, il a regardé tout ça avec un regard sensible et rien dans son journal ne laisse présumer d’un sentiment de supériorité ou de jugement.»

Certes, son voyage au Maroc n’aura duré que six mois. Il n’a pas changé radicalement son style, mais il l’aidera à poursuivre l’évolution entamée dès ses années de jeunesse. Il pourra donc faire sa propre conception de l’art, sa propre vérité.  

Le Maroc inspirera l’artiste jusqu’à sa mort, ne s’arrêtant pas à son retour en 1832, explique encore Marie-Pierre Salé :

«Il reste vivant dans le souvenir de l’artiste et toute une large partie de sa production d’œuvres liée au voyage au Maroc est un travail de souvenir, de la mémoire.»

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