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Grand Angle  

Sahara / UMA : Abdelkader Messahel nie les responsabilités de l’Algérie

Dans une interview accordée à Russia Today, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, déclare que l’Union du Maghreb arabe est «un choix stratégique» pour son pays. Il assure que le dossier du Sahara ne représente pas un obstacle dans ce sens.

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Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères / Ph. Farouk Batiche (AFP)
Temps de lecture: 3'

En marge de sa dernière visite en Russie, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a accordé un entretien à la chaîne Russia Today. Il est revenu, entre autres, sur «le choix stratégique» que représente l’intégration de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

Dans ce sens, le ministre a souligné que son pays «espère toujours intégrer le Maghreb, pour des raisons historiques, culturelles, religieuses, politiques et économiques».

La question du Sahara n’empêche pas l’édification du Maghreb

Dans son entretien, Abdelkader Messahel déclare :

«Nous sommes le seul pays du Maghreb à avoir des frontières avec tous les autres pays de la région. Au niveau de l’infrastructure, nous disposons de l’autoroute ouest-est, qui relie les frontières tunisiennes au Maroc, en plus d’un dispositif routier dans le désert, reliant l’Algérie au Niger. Nous avons également une route reliant la frontière tunisienne à la Mauritanie. Nous envisageons donc l’infrastructure routière dans sa dimension régionale. Cette intégration régionale a fait l’objet d’un message clair du président.»

En effet, Abdelkader Messahel rappelle la lettre d’Abdelaziz Bouteflika adressée aux dirigeants du Maghreb à l’occasion de l’anniversaire de la création de l’UMA. Le ministre algérien va jusqu’à déclarer que son pays «voit encore plus loin», rappelant la position de l’Algérie qui a été de «mettre entre parenthèses les différends politiques, notamment sur la question du Sahara occidental, pour ne pas entraver l’édification de l’Union».

Le chargé de la diplomatie rappelle également un épisode de l’année 2001 : «Lorsque l’Algérie présidait l’Union du Maghreb arabe à ce moment-là, nous avions envisagé de créer un groupe économique régional et de négocier une intégration économique avec des politiques unifiées au niveau des infrastructures, de l’agriculture et de la lutte contre la désertification.»

Abdelkader Messahel défend ainsi l’uniformisation des politiques économiques dans la région :

«C’est encore sur la table des négociations. Nous espérons évoquer de nouveau ces idées et restons ouverts à cela, comme indiqué dans une lettre d’Abdelaziz Bouteflika à ses homologues maghrébins. L’intégration de l’UMA est un choix stratégique. Nous vivons dans un monde fait de blocs et il faut suivre cette évolution pour exister.»

Un discours policé à l’attention des médias

Avant d’argumenter longuement sur sa volonté de faire ressusciter l’UMA, un projet en suspens depuis sa création le 17 février 1989, Messahel n’a pas manqué l’occasion d’attaquer le Maroc, évoquant les défis sécuritaires dans la région : «Il n’y a pas de différence entre financer le terrorisme et appuyer le crime organisé, qui trouve sa source dans le trafic de cannabis et de drogue.» Une référence implicite au Maroc et à la position algérienne qui considère que le royaume a noyé le pays dans le cannabis et les drogues pendant des années.

Le discours d’Abdelkader Messahel sur son engouement pour la réédification d’un bloc régional de coopération économique devient essentiellement un discours adressé aux médias étranger, d’autant que les efforts du voisin tunisien sont restés vains. En effet, quelques mois après son élection, le 13 décembre 2011, l’ancien président Moncef Marzouki avait tenté d’organiser un sommet du Maghreb à Tunis. Une proposition qui s’est confrontée au rejet d’Alger.

En préparation de la réunion, Moncef Marzouki avait bénéficié de l’approbation du Maroc, de la Libye et de la Mauritanie. De son côté, Abdelaziz Bouteflika s’était contenté de donner son accord de principe, avant de revenir sur sa position.

Dans sa tentative de souligner que le conflit du Sahara ne constitue pas un obstacle au projet de l’Union du Maghreb arabe, Messahel oublie de rappeler qu’en 2012, l’Algérie s’était également opposée à la proposition de Moncef Marzouki de mettre de côté le dossier du Sahara justement, afin d’avancer sur d’autres questions pour mettre en place les institutions de l’Union.

Plus récemment, en octobre 2017, le ministre a provoqué une crise diplomatique, après avoir accusé le Maroc de blanchir l’argent des drogues dans les autres pays d’Afrique.

L’UMA est en état de mort clinique, essentiellement en raison des différends entre le Maroc et l’Algérie. Son dernier sommet remonte à 1994. Face à cette situation, les pays de la région ont même commencé à négocier leur intégration dans d’autres groupes régionaux, comme c’est le cas pour le Maroc et la Tunisie.

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