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Grand Angle

Le Marathon international de Casablanca lâché par ses sponsors ?

Après les débâcles de l’édition 2016 et 2017, plusieurs partenaires se seraient éloignés de la course, mécontents du travail fourni par l’équipe en charge de l’organisation. C’est sans compter des appels d’offres opaques qui soulèvent des questions sur la gestion du budget.

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L'année dernière, des coureurs slalomaient entre les voitures lors de la 9e édition du Marathon international de Casablanca, le 30 octobre 2016. / Ph. Facebook
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Les sponsors fuient-ils le Marathon international de Casablanca ? Casa Events & Animation plus encore ? Après avoir multiplié les bourdes l’année dernière, l’agence en charge de l’organisation de l’évènement sportif a reproduit le même scénario dimanche dernier : mise en danger des coureurs, manque de médailles, de ravitaillements, problèmes d’inscription. Bref, le parcours - tant celui des coureurs que des organisateurs - fut semé d’embûches.

Sur le site du marathon, les sponsors historiques qui participaient autrefois à la renommée de la course ont aujourd’hui disparu, en l’occurrence HEM Business School et Total Maroc. L’entreprise pétrolière, sponsor master pour les éditions 2014, 2015 et 2016, a jeté l’éponge cette année, particulièrement déçue de l’édition 2016. D’autres sponsors privés nous ont également confirmé leur insatisfaction.

Des sponsors pour faire joli ?

L’éventail des partenariats s'est ainsi réduit aux sponsors traditionnels : l’OCP, la RAM, Sidi Ali, le ministère de l’Intérieur, la Ville de Casablanca et la Région Settat-Casablanca, entre autres. A leurs côtés, une quinzaine de partenaires médias. «Il n’y a pas plus simple que d’avoir des partenaires médias. Et pour cause, ils ne donnent pas d’argent. Ces sponsors-là ne sont pas des références», relativise un acteur du milieu sportif marocain, chevronné dans l’organisation de courses à pied. «La RAM non plus ne leur donne pas d’argent ; seulement quelques billets d’avion pour faire venir des coureurs étrangers internationaux et pouvoir dire que c’est un marathon international», ajoute-t-il.

«Ceux qui sont encore là, ce sont des sponsors institutionnels. Il ne faut pas oublier que Casa Events & Animation est une société créée par la Ville de Casablanca et la Région Settat-Casablanca. Ce sont eux qui financent cette structure, ils sont donc obligés de soutenir et sponsoriser l’évènement», tempère notre source. «En termes de financement, tout le monde les a lâchés et ils n’ont pas réussi à aller chercher d’autres sponsors car personne ne veut être en lien avec la structure en tant que telle, qui est catastrophique. Ils n’ont aucune connaissance du milieu sportif et du marché de l’organisation d’évènements. Ce ne sont pas des gens du métier», assure-t-elle.

Une responsable de Sidi Ali se montre en revanche encore indécise : «Pour l’heure, nous ne pouvons pas vous dire si nous renouvellerons le partenariat. Après chaque évènement, on fait une évaluation, un bilan avec les organisateurs avant de prendre une décision. Quelque soit l’organisateur, il faut une réunion d’explication, de présentation. C’est le processus. La décision sera prise après la présentation de leurs arguments, notamment sur la manière dont ils comptent remédier aux différentes non-conformités», confie-t-elle à Yabiladi, admettant toutefois un «mécontentement».

Des appels d’offres opaques ?

Une fuite des partenaires et une rogne confirmées par un prestataire qui a travaillé en collaboration avec les sponsors lors des éditions 2013, 2014 et 2015. «Ils m’ont tous confirmé individuellement qu’ils ont fui la compétition en raison de la mauvaise gestion, suite à un changement d’organisation», dit-il. Casa Events & Animation chapeaute effectivement la course depuis 2016. «Avant, c’était des passionnés qui s’en occupaient, des marathoniens. La Ville de Casablanca avait chargé un groupe de sportifs de se réunir dans une association, l’Association du Grand Marathon international de Casablanca», précise-t-il.

Le bât blesse également du côté des appels d’offres émis par Casa Events & Animation, que le responsable sportif juge opaques : «Ils se sont tournés vers des agences inconnues, dont personne n’a entendu parler, et en ont pris une qui leur a géré une partie de l’évènement. Aucune des grosses agences de Casablanca n’a été contactée. L’année dernière, ils avaient lancé un appel d’offres à trois semaines de l’évènement. Il y a une méconnaissance énorme de l’évènementiel et du milieu sportif au Maroc.» 

Au regard du contraste entre le budget alloué à l’édition 2017 - 3 millions de dirhams - et la piètre qualité du marathon, notre interlocuteur s’interroge : «Où est allé l’argent ?» Nous avons tenté de poser toutes ces questions au responsable de Casa Events & Animation, mais nos appels sont restés sans suite. 

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