Menu

Archive  

Histoire : Quand le roi Hassan II interdisait aux Marocains de fêter l'Aïd Al Adha

En 1963, en 1981 puis en 1996, feu le roi Hassan II s’adressait aux Marocains pour annoncer que l’Aïd Al Adha n’allait pas être célébré au Maroc. Crise économique, sécheresse ou état inquiétant du cheptel, les explications offertes par le gouvernement n’ont convaincu les Marocains qu’à deux reprises. Histoire.

Publié
Feu le roi Hassan II en compagnie du roi Mohammed VI alors prince héritier. / Ph. DR
Temps de lecture: 4'

Chaque année, les Marocains célèbrent l'Aïd Al Adha, la fête du sacrifice qui commémore la force de la foi d'Ibrahim, qui accepte de sacrifier, sur l'ordre de Dieu, son unique fils Ismaël. Ce dernier est remplacé au dernier moment par un mouton qui servira d'offrande sacrificielle. Depuis, les musulmans de la planète sacrifient chaque année un mouton âgé de six mois, une chèvre âgée de deux ans, un bovin âgé de deux ans et qui est entré dans la troisième année lunaire, ou un chameau qui a complété cinq ans.

Au Maroc, l’annonce du premier jour du mois de Dhou Al Hijja et donc de l’Aïd est faite par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. La tradition veut que les Marocains sacrifient leur mouton après la prière de l’Aïd, mais surtout après le sacrifice du roi, commandeur des croyants. Toutefois, plusieurs Marocains âgés se souviennent des trois fois où feu le roi Hassan II avait appelé à faire fi du sacrifice. Les raisons évoquées par le souverain étaient tantôt relatives à la sécheresse ayant frappé le royaume, tantôt pour la préservation du cheptel.

1963 et l’impact de la guerre des Sables

En 1963, le tracé colonial des frontières entre le Maroc et l’Algérie poussera les deux pays à entamer une guerre féroce : «la Guerre des Sables». Le conflit armé se déclenche officiellement le 14 octobre 1963 lorsque les Forces armées royales (FAR) repoussent une attaque des forces algériennes et reprennent Hassi Beïda et Tinjoub. Ces dernières arriveront même jusqu’à Figuig tandis que les FAR s’installeront à quelques kilomètres de Tindouf. Ce n’est qu’en janvier 1969 que le Maroc et son voisin parviennent à la signature du Traité d'amitié de bon voisinage et de coopération d'Ifrane, puis de la «Convention relative au tracé de la frontière d'État établie entre le Royaume du Maroc et la République algérienne démocratique et populaire», en juin 1972.

Mais en 1963, alors que les deux pays sont affaiblis par une guerre qui ne semble pas avoir d'issue, l’arrivée de la plus grande fête des Musulmans poussera le jeune monarque à faire appel à ses prérogatives pour interdire aux Marocains de fêter l’Aïd Al Adha. Par une décision royale, les Marocains ont dû obtempérer sans trop se poser de questions. La conjoncture économique n’étant pas favorable et le troupeau n’étant pas suffisant pour l’ensemble des Marocains.

1981… La «malédiction El-Asnam» ?

En 1981, l’échec du «Plan triennal 1978-1980», orienté vers la réduction des importations et l’amélioration des équilibres fondamentaux internes et externes, et la situation du pays avec le Plan quinquennal 1981-1985, connu sous le nom de «Plan de relance économique et sociale», interviennent dans une conjoncture économique difficile. Le Maroc est en effet frappé par la sécheresse.

Une part importante du cheptel sera retrouvée mourra, notamment à cause des conditions climatiques. Le troupeau devant se reconstituer, le roi Hassan II fera appel à nouveau à ses prérogatives de commandeur des croyants pour appeler les Marocains à ne pas sacrifier un mouton. Une deuxième décision que certains auront du mal à appliquer à la lettre.

Feu le roi Hassan II effectuant le sacrifice. / Ph. DRFeu le roi Hassan II effectuant le sacrifice. / Ph. DRFeu le roi Hassan II effectuant le sacrifice. / Ph. DR

Dans plusieurs contrées du royaume, des Marocains auraient en effet sacrifié leurs moutons en cachette, malgré les instructions royales. Le jour de l’Aïd a même été marqué par certains incidents. Dans la ville de Guelmima, au sud-est marocain, des citoyens avaient abattu des chiens avant de les exposer sur les portes d’un Ksar (palais) de la ville avec des tags. «Hassan, fêtez l’Aïd avec un mouton. Nous mangerons des chiens», auraient indiqué les villageois de la région de Guelmima.

L’incident ne passera pas inaperçu puisque, quatre ans plus tard, les forces de l’ordre arrêteront un certain Said El Harraf, imam d’une mosquée à Tadighoust (province d'Errachidia actuellement), et son fils. Deux personnes soupçonnées d’être responsables de l’incident. L’histoire raconte que les enquêteurs arracheront les dents du fils d’El Harraf pour mettre la pression sur le père afin de reconnaître le crime. Said El Harraf aurait par la suite été aspergé d’alcool et brûlé vif, d’après la version racontée par le fils devant l’Instance Équité et Réconciliation (IER).

Certaines histoires, dont celle racontée par Al Massae, font le lien entre l’annulation des festivités de l’Aïd en 1981 et les événements de 1980 en Algérie. Le 10 octobre 1980, en pleine prière du vendredi, la ville d'El-Asnam, à mi-distance entre Oran et Alger, tremble à 7,2 degrés sur l’échelle de Richter, faisant 2 633 morts et des milliers de blessés. Le journal raconte que le roi Hassan II avait appelé à «aider les frères algériens» par les «pelages des moutons». Chadli Benjedid, alors président algérien, avait alors considéré la déclaration comme une «insulte et provocation pour les Algériens».

La sécheresse de 1996

La derniére interdiction du sacrifice du mouton sous le règne d'Hassan II, est celle de 1996. En mars de cette année, les Marocains apprendront via un message royale, lu par Abdelkébir Alaoui Mdaghri, alors ministre des Habous et des Affaires islamiques, que l’Aïd Al Adha ne serait pas fêté au Maroc. Le jeune ministre expliquera que l’année agraire de 1995 a été déclarée comme catastrophique. «Aïd Al Adha, bien qu’il soit une Sounna Mouakkada (sounna renforcée, ndlr), ne peut pas être fêté dans ces conditions difficiles, sinon la fête causera des dégâts inévitables», a expliqué Abdelkébir Alaoui Mdaghri, avant d’appeler les Marocains à ne pas effectuer les sacrifices.

Les fêtes de l’Aïd Al Adha au Maroc sont marquées par plusieurs anecdotes et événements. Drôles ou tristes, ces histoires sont racontées aujourd’hui avec beaucoup d’ironie. Al Akhbar rappelle ainsi qu’en 1945, les Marocains auraient consommé de la viande de mouton sans pain. Durant cette époque, le Maroc était frappé par une famine ayant débuté en 1941 et a dû subir un régime de rationnement instauré par la France coloniale.

Berkshire
Date : le 10 juillet 2024 à 11h32
Le titre est faux et l’information principale dans l’article est fausse: il n’a jamais interdit de fêter/célebrer l’Aid !!!! Je me rappelle très bien de 1981. Il n’a interdit que le sacrifice, une des composantes de la célébration, pour le reste la célécration a bien eu lieu religieusement, traditionnellement, socialement comme d’habitude (prière de l’Aid, jours fériés, achats d’habits neufs pour l’occasion, visites et regroupement des familles, visite des malades et des personnes âgées, repas familiaux autour de brochettes et gâteaux etc …). Mais visiblement l’association et la limitation abusive « Aid Adha = Sacrifice » l’emporte dans l’esprit de beaucoup de marocains dont le journaliste de l’article visiblement.
Sakina2020
Date : le 11 juillet 2022 à 16h03
Moi perso j'airai aimé cette décision pour cette année où le pouvoir d'achat souffre sérieusement..
Shamsatlas
Date : le 21 juillet 2021 à 17h07
En quoi est-ce que tout ça est lié au sacrifice d'un animal, alors que ce jour était tout de même célébré en tant que Aïd, donc le Aïd n'a pas été interdit. C'est terrifiant de voir que pour quasi l'unanimité c'est un jour de fête de l'égorgement, d'étripage, comme si en cela c'était un concours de boucherie ?! Pour ce qui est de la sagesse, rien, si ce n'est peut-être un jour de pardon, sur un année d'animosité partagée ?! Pourtant même l'interdiction en cas de nécessité, devrait pourtant mener à une réflexion sur la sagesse de ce sacrifice. Mais non déçu de ne se vanter de mon mouton où le terme 'Adhim est confondu avec le terme 'alidh, le premier étant du domaine de grandeur spirituelle, l'autre de dimension matérielle ... N'est-ce pas plutôt lié à la dimension existentielle de l'unicité divine que revêt la mission d'Abraham, et ses multiple exemple qui décrivent l'illusion matérialiste, où lui-même sauvé des flammes ... Comme disent certains en occident, la fête du mouton, rien que ça ... Aïd al-adha mubarak
ssoum
Date : le 21 juillet 2021 à 12h09
c est le terme ""interdisait "" qui pose probleme je me rappelle que ce n eatit pas vecu comme une interdiction tous le monde comprenait et meme approuvait interdire sous entend la coercitions et la violence
Citation
"Île de la Lune." à écrit:
...extraordinaire sagesse!clapAngel...Mashaa ALLAH
ssoum
Date : le 21 juillet 2021 à 12h02
la monarchie est gage de stabilité la republique est source d instabilite meme en france la republique n est stable que depuis 1958 et cette stabiite est caracterise par le pouvoir quasi monachique du president quelle république dans le monde arabe a développe sont pays aucune meme la tunisie erige en modele stagne depuis 10 ans elle n a pas avance d un pas pire elle a regresse une revolution ca prend du temps des siecles pour celle francaise la republique a besoin de dirigeants eduque et d une population instruites plus généralement la démocratie qui en découle est une culture et cette culture ne s improvise elle sapprend de generaion en génération les berberos arabe ne sont pas prêt pour la république car c est un long cheminement la preuve la monarchie c es la stabilite y a un roi apres les partis se battent pour gouverner pas pour diriger la question du pouvoir etant regle les choses sont plus sereine pas de crevards qui veut deloger un autres crevard la monarchie peut etre reformable on l a vu c est vers ce chemin que doi se diriger le Maroc les pouvoir régaliens ('interieur défenses affaires etrangeres ) au monarque economie sociale etc…. au gouvernement
Citation
arcacy à écrit:
Franchement je me demande a quoi sa sert d avoir un roi Peut importe le pays
Castellums 02
Date : le 31 juillet 2020 à 15h23
et je continue EL Asnam n'a eu nul besoin de pelage marocain..ou d'un autre pays...les dons en France se sont chiffres par centaines de millions de francs..parmis les arabes seuls les saoudiens dans leur immense generosite...ont fait don pour la construction d'une mosquee a la seule condition que la ville change de nom..d'El Asnam...elle est devenue Chlef..depuis le don de ces vermines la ville n'a fait que dépérir......les asnamis pleurent leur ville detruite a ce jour....
Citation
damous à écrit:
perplexe il était en avance sur son temps..si les marocains avaient continuer a se passer de sacrifice inutile peut etre que les autres pays du maghreb les auraient suivi et en2019 aucun maghrebin ne s'endetterait pour l'achat de ce mouton..afin de faire comme les voisins...quand au tremblementde terre dEl Asnam...une autre anecdote stupide tres repandue a l'epoque accusee les gens de la region de sauce leur couscous avec du vin rouge..a la place d'une sauce normale..comme punition ils ont eu un tremblement de terre le vendredi..
The Gnawi
Date : le 31 juillet 2020 à 13h44
Aïd Mubarak. Lahi r7am Hassan 2 et 3acha Mohamed 6. 3acha elmaghrib. 3ayachi et fier de l'être. Bonhomme jusqu'au bout.
Citation
Bubble&Squeak à écrit:
Salam, Je préfère eux (Hassan 2 & Mohammed 6) qu’un Zefzafi pour gérer le pays droit au chaos Oups PS : Aidekoum Moubarak ✌️
RIFI.DAHORI
Date : le 31 juillet 2020 à 12h52
SAHA AIDEK SAHA RAHNA INSHALLAH CHEK DFAMILIA INAK
Bubble&Squeak
Date : le 31 juillet 2020 à 12h37
Salam, Je préfère eux (Hassan 2 & Mohammed 6) qu’un Zefzafi pour gérer le pays droit au chaos Oups PS : Aidekoum Moubarak ✌️
Citation
RIFITRANKIL à écrit:
Qu'il était beau le Maroc dantant
Castellums 02
Date : le 15 août 2019 à 18h00
perplexe il était en avance sur son temps..si les marocains avaient continuer a se passer de sacrifice inutile peut etre que les autres pays du maghreb les auraient suivi et en2019 aucun maghrebin ne s'endetterait pour l'achat de ce mouton..afin de faire comme les voisins...quand au tremblementde terre dEl Asnam...une autre anecdote stupide tres repandue a l'epoque accusee les gens de la region de sauce leur couscous avec du vin rouge..a la place d'une sauce normale..comme punition ils ont eu un tremblement de terre le vendredi..
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com