Menu

Grand Angle  

Diaspo #3 : Abderrahim Iaich, du Jben traditionnel aux fromages européens

Faire découvrir et aimer le fromage aux Marocains : c’est le pari osé d’Abderrahim Iaich, un Marocain qui a résidé en France pendant plus de vingt ans. Il est revenu au Maroc pour concrétiser ce projet. Portrait.

Publié
Abderrahim Iaich est arrivé en France à l'âge de 21 ans. / Ph. Abderrahim Iaich
Temps de lecture: 2'

Le hasard fait bien les choses ; ce n’est pas Abderrahim Iaich, 45 ans, qui dira le contraire. Ce quadra, «Marocain avant d’être Français» comme il se plaît à dire, a quitté la région Haute-Savoie il y a trois ans pour retrouver son Maroc natal, le tout avec un projet bien précis, inédit et audacieux : monter une fromagerie spécialisée dans la transformation.

Le projet, s’il est rapidement tombé à l’eau, ne l’a pas empêché de s’accrocher à ses ambitions. «Aujourd’hui, je travaille dans la distribution de fromage dans un concept store qui vient d’ouvrir à Casablanca, le Bo Marché. Je vends du fromage comme les crémiers en France», explique à Yabiladi Abderrahim Iaich. Dans sa gamme, des fromages français et marocains, bien sûr, mais aussi espagnols, italiens et suisses.

«On les importe via un intermédiaire. On espère les produire nous-mêmes. En gros, l’idée, c’est de faire développer ce système en se lançant dans la distribution et l’importation de fromage ici au Maroc. C’est un projet sur lequel je travaille avec deux amis», poursuit-il.

«J’ai coché la bonne case»

Au départ, rien ne destinait ce fromager originaire de Taroudant à cette filière. Plus encore, c’est le hasard qui l’y a conduit. Après le décès de son père, il s’installe chez son oncle à Mohammedia et décroche un baccalauréat en sciences agronomiques. En 1993, à 21 ans, il met le cap sur la France, direction La Roche-sur-Foron en Haute-Savoie, où il intègre l’Ecole nationale des industries du lait et des viandes. «En fait, j’avais rempli un dossier pour décrocher une bourse en France. J’ai coché la case ‘fromagerie’ complètement par hasard, comme au loto !», se souvient Abderrahim Iaich.

Vingt-cinq ans plus tard, ce fils d’agriculteur comprend qu’il a coché la bonne : «C’est devenu mon métier et ma passion». Entre-temps, il décroche le Reblochon d’or au Concours général agricole de Paris en 2008 dans le cadre du Salon de l’agriculture, fait l’objet d’un documentaire de la chaîne Canal + sur les «étrangers qui arrivent dans les hit-parades des fabricants de bonnes choses typiquement françaises», selon Le Dauphiné Libéré, et intègre le cercle des «gardes et jurés» de la Confrérie des fromagers qui compte plus de 5 000 membres originaires de 33 pays. Dès 1997 et pendant plus de dix ans, il sera producteur de reblochons pour le Gaec du Pré Jourdan à Saint-Laurent, petite commune savoyarde, après être passé par les fromageries suisses.

Aujourd’hui, c’est au Maroc que d’autres ambitions se font jour : «L’idée, c’est de partager mon savoir-faire avec le Maroc et les Marocains, faire aimer le fromage aux premiers consommateurs au monde de Vache qui rit», plaisante le quadra. «C’est une peut-être ambition un peu folle, mais je n’aime pas les choses faciles», assure-t-il. Abderrahim Iaich espère importer toutes sortes de fromages européens et ouvrir des points de distribution au Maroc. Pourquoi ne pas intervenir dans les écoles également, «expliquer d’où viennent ces produits, du lait au fromage, puis du fromage à la consommation», et intervenir directement chez des particuliers à l’occasion de soirées «fromage et thé». Ou «fromage et vin».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com