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Interview

Don du sang : Une campagne nationale dédiée aux professionnels de santé [Interview]

Le Centre national de transfusion sanguine a lancé hier une campagne de sensibilisation au don du sang. Cette fois, l’établissement, sous la tutelle du ministère de la Santé, s’adresse aux professionnels. Médecins, infirmiers et personnel des établissements sont invités à faire des dons. Mohamed Benajiba, directeur du Centre, nous apporte plus de précisions.

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Photo d'illustration. / DR
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Le Centre national de transfusion sanguine a lancé hier une nouvelle campagne destinée aux professionnels. Quelles en sont les motivations ?

Les professionnels de santé se sont déplacés aujourd’hui pour donner leur sang, notamment au centre de transfusion de Rabat. La campagne aura lieu dans plusieurs centres, nous sommes confiants, d’autant que le personnel est au cœur de cet appel.

Chaque année, nous organisons une campagne nationale de don du sang parce que nous savons que pendant le mois de juillet, le nombre de donneurs risque de chuter et par conséquent, le stock en sera négativement impacté. C’est systématique dans notre stratégie. Nous avons donc lancé la campagne en juillet, mais nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas collecter un nombre important de poches de sang, à condition que les professionnels de santé s’impliquent efficacement dans la campagne.

Ce sont d’abord les employés des centres régionaux de transfusion sanguine et ceux des établissements de santé qui sont concernés…

Lors de cette pénurie, nous avons remarqué que les professionnels de nos centres régionaux sont privés de leurs vacances annuelles, qu’ils doivent chercher des donneurs en dehors des centres et qu’ils ont des horaires de travail décalés. Ils commencent à 17 heures et terminent à 23 heures, voire minuit. Nous nous sommes dit que nous devions rendre hommage à ces gens, tout en les encourageant et les félicitant.

Mais, surtout, que nous devions leur demander de fournir plus d’efforts. Il faut avouer que nous sommes peu nombreux dans les centres de transfusion, c’est bien connu. Il faut faire plus d’efforts parce que nous sentons la responsabilité qui pèse sur nous et sommes conscients de l’importance de notre mission. Le message s’adresse d’abord au personnel pour reconnaître leur rôle primordial et central dans les campagnes.

Les centres hospitaliers sont les premiers «consommateurs». Nous avons remarqué qu’ils ne participaient pas à la production. Nous nous sommes dit qu’il fallait qu’on s’adresse aux professionnels de ces centres également car ils consomment des poches de sang et sont aussi en lien direct avec les patients et leurs familles. Ils peuvent donc jouer un rôle crucial dans le renforcement du stock et dans la sensibilisation, puisque le contexte dans lequel ils se trouvent fait que les citoyens peuvent réagir positivement s’ils sont sensibilisés au sein des hôpitaux et par le personnel de ces établissements. C’est la raison pour laquelle nous nous adressons à eux, pour qu’ils nous aident à la sensibilisation et à l’encouragement, mais aussi dans l’organisation des campagnes de dons du sang.

Mohamed Benajiba, directeur du Centre national de transfusion sanguine. / Ph. DRMohamed Benajiba, directeur du Centre national de transfusion sanguine. / Ph. DR

Quel est l’objectif escompté ? Quand estimez-vous nécessaire de tirer la sonnette d’alarme ?

Si chaque institution, à travers la sensibilisation et les campagnes, parvient à assurer ses besoins, nous satisferons ceux de tout le monde. Telle est la stratégie menée par le Centre national de transfusion sanguine.

Nous menons des campagnes de collecte quotidiennes. En 2016, nous avons organisé plus de 10 000 campagnes au Maroc ; ça ne s’arrête pas. On assure aussi une surveillance sur les niveaux du stock. Lorsque le stock est suffisant pour 7 jours, il n’y a pas de problème si l’activité quotidienne est habituelle. Toutefois, si le stock baisse et peut suffire pendant moins de 7 jours, nous lançons à ce moment-là des campagnes. C’est la stratégie que nous suivons.

Quel est l’enjeu de la gestion du stock du sang ?

La gestion du stock du sang est très particulière. Premièrement, on ne peut pas en stocker une quantité importante. Si une campagne permet de collecter 10 000 dons, nous aurons besoin de sang cinq jours après. Les plaquettes ne peuvent pas être gardées plus de cinq jours.

L’enjeu, c’est l’équilibre qu’il faut assurer entre dons, stocks et besoins. Je vous donne l’exemple de Rabat : les besoins sont estimés à 250, voire 300 dons par jour. Si on en fait moins de 200, on risque une pénurie. Si on en fait plus de 300, des poches seront périmées. L’équilibre est difficile à atteindre. Par conséquent, il faut assurer une veille du stock permanente, quotidienne. Généralement, le nombre de collectes qu’on organise, avec un rendement de 40 dons par site, doit satisfaire les besoins. Ce sont des planifications étalées sur l’année.

Quand les collectes commencent à devenir non rentables - c’est le cas du site de Rabat avec 10 à 15 dons -, il faut qu’on réagisse. Les appels aux dons du sang sont donc une solution qu’on prévoit pour augmenter rapidement les stocks.

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