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Grand Angle  

La tour d’Assas de Montpellier, appelée tour de l’ONU au départ, tour Ouarzazate aujourd'hui

Emblème du quartier de la Paillade, récemment baptisée La Mosson à Montpellier (sud de la France), la tour d’Assas suscite toujours autant la curiosité. C’est sur France Culture qu’un documentaire a été diffusé mardi retraçant les couacs et le quotidien des habitants de cet immeuble. Qui sont-ils ? Et quelle est l’histoire de cette tour, figure du quartier montpelliérain ? Détails.

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La tour d'Assas à la Paillade a été construite en 1969. / Ph. DR
Temps de lecture: 3'

Dans le cadre de sa programmation, France Culture propose cette semaine, de lundi à jeudi, de rediffuser «A la Paillade», une série documentaire signée Stéphane Bonnefoi, réalisée par Christine Diger en 2010. En quatre épisodes, le journaliste nous fait voyager à travers le quartier de la Paillade et nous fait découvrir les faces cachées de ce lieu.

Dans le deuxième volet de la série intitulé «Le bled ?», diffusé mardi sur les ondes de la radio française, nous découvrions la tour d’Assas, l’une des dernières tours de la Paillade et l’une des premières érigées sur le quartier. Or, Stéphane Bonnefoi n’est pas le premier curieux à s’être aventuré et intéressé à l’histoire de l’immeuble ; la réalisatrice Laure Pradal s’est aussi attelée à l’exercice. Cette dernière avait réalisé entre 2009 et 2012 un documentaire, «Le village vertical». Plusieurs autres reportages et documentaires existent sur la tour d’Assas, à l’instar notamment de «Le droit de vivre décemment», co-réalisé par l’association montpelliéraine Les Ziconofages, qui tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie des locataires.

Au départ, un point d’accueil des immigrés

La Mosson est aujourd’hui le quartier nord de la ville de Montpellier, englobant ainsi la Paillade au sud et les Hauts de Massane au nord. Vertigineux et insalubre, le «village vertical» s’érige sur quelque 80 mètres, compte 22 étages et pas moins de 800 habitants. A l’origine de la création du quartier de la Paillade, qui a changé d’appellation en 2000 à l’arrivée du tramway, une vague d’immigration en provenance d’Algérie et du Maroc. Le quartier a éclos en pleine garrigue afin d’accueillir la surpopulation de la ville, notamment les Pieds-noirs et les jeunes issus du baby boom. «Reconnue comme un quartier de Montpellier, elle devait néanmoins devenir une des plus importantes cités de la région», rappelle l'Institut national de l’audiovisuel (INA).

Submergé, le conseil municipal avait décidé de créer un nouveau quartier dont le projet a été confié à la SERM (Société dʼéquipement de la région montpelliéraine). Les travaux ont été lancés en 1962. Cette zone à urbanisation prioritaire (ZUP) sort de terre et quelque 9 000 logements sont livrés entre 1967 et 1972 dans ce quartier flambant neuf. La tour d’Assas a quant à elle été construite en 1969 et a fait partie de la deuxième tranche livrée.

Devenue malgré elle la figure de proue de la Paillade, elle est à cette époque et encore aujourd’hui la plus haute tour d’habitation du Languedoc-Roussillon et dénombre 176 appartements ; un village sur pied abritant des familles entières vivant ensemble depuis 50 ans et un quartier qui compte plus de 20 000 habitants. Les habitants ne se côtoient qu’entre eux compte tenu de la distance qui les sépare des quartiers chics et luxueux de Montpellier. Un choix premier du conseil municipal de Montpellier de construire un quartier en périphérie de la ville pour y loger les immigrés.

De la tour de l’ONU à la tour Ouarzazate

«Le bled ?» a su mettre en exergue les problématiques que renferme cet immeuble tant au niveau de l’insalubrité que de la stigmatisation. Anciennement appelée la tour de l’ONU, la tour Ouarzazate aujourd’hui laisse place à l’image de l’immigration de Montpellier, essentiellement marocaine. La tour est aujourd’hui habitée à 95% par des Marocains, en témoigne un locataire centrafricain : «Vous êtes tous marocains ici, (...) je suis l’unique espèce en voie de disparition.»

Effectivement, d’après le reportage, auparavant plus d’une trentaine de nationalités se côtoyaient dans la tour, d’où le surnom de la tour de l’ONU ; mais petit à petit, l’arrivée de familles nombreuses, surtout Marocaines, a pris le dessus, laissant les autres nationalités se dissiper au fur et à mesure.

Un manque de mélange et de mixité revendiqué aujourd’hui par les habitants de la tour qui dénoncent également l’abandon des autorités face à leurs problèmes. Et pour cause, l’immeuble se détériore d’années en années et tous les équipements s’y dégradent sans que personne ne puisse rien faire. A par les nombreuses actions du collectif des locataires, les manifestations des habitants et les appels aux autorités, la communauté de la tour ne se fait pas entendre dans sa lutte pour maintenir un habitat décent.

La tour d’Assas demande sa démolition ou sa réhabilitation à l’image de ses voisines pailladines, la tour d’Alembert et la tour Catalogne, qui ont été détruites et ont permis le relogement de toutes les familles qui y vivaient. Utopie ou réalité, les habitants n’ont aujourd’hui rien vu des promesses de la municipalité quant à l’amélioration de leurs conditions de vie.

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