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Interview  

Le père des Palestiniens présentés par des médias espagnols comme Sahraouis attend toujours que justice soit faite

Le 9 novembre 2010, les autorités marocaines décidaient de démanteler le camp de Gdim Izik, mis en place par des manifestants Sahraouis à 12 kilomètres de la ville de Laâyoune. Face au refus des manifestants de quitter les lieux, des affrontements violents ont eu lieu, causant la mort de 11 membres des forces de l’ordre en plus de 70 autres blessés. Quatre civils avaient été blessés alors que d’importantes pertes et destructions de biens avaient été enregistrées.

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L'ancien ministre de la Communication, Khalid Naciri, tenant une photo des enfants palestiniens. / DR
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Dans le cadre de sa couverture des événements de Gdim Izik, la presse espagnole, notamment El Pais, avait utilisé des photos de victimes d’un raid aérien mené par Israël contre les Palestiniens de la bande de Gaza, faisant passer ces illustrations datant de 2006 pour des photos d’enfants victimes de l’intervention musclée des forces de l'ordre marocaines. Plusieurs médias, dont ceux du Polisario, avaient repris les mêmes illustrations avant qu’ils ne se rendent compte qu’il s’agissait en fait d’enfants palestiniens. Nidal Wahbeh, père d’une fille qui figurait sur ces photos, avait par la suite décidé de porter plainte contre la presse espagnole.

Plusieurs années après les événements de Gdim Izik et les actualités relatives à ce dossier, la justice espagnole n’a toujours pas tranché. Contacté par Yabiladi, Nidal Wahbeh nous livre son témoignage.

Presque sept ans après l’utilisation des photos de votre enfant dans le cadre du conflit du Sahara occidental, le dossier déposé auprès de la justice espagnole a-t-il avancé ?

J’aimerais d’abord rappeler que nous avons été choqués d’apprendre qu’une Sahraouie à Madrid avait organisé une conférence de presse en utilisant les photos d’enfants blessés. Des médias espagnols et internationaux ont alors publié ces photos en les faisant passer pour des clichés pris lors des événements de Gdim Izik en 2010. Nous avons été obligés, compte tenu de notre devoir moral, d’apporter des éclaircissements pour plusieurs raisons.

Les deux enfants avaient été blessés le 21 juin 2006 et la photo a été prise dans la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Suite à des raids aériens menés par les forces de l’occupation, ma femme, qui était enceinte, et mon beau-frère ont perdu la vie, alors que mon fils Khalid est décédé 19 jours après. De ma famille, il ne restait plus que ma fille Farah qui apparaît sur la photo. Je les ai perdus mais ils sont des martyrs. Au nom d’Allah et de la Palestine, j’ai payé le prix d’avoir résisté à l’occupation de la Palestine. Or, cela autorise-t-il quelqu'un de leur retirer leur nationalité palestinienne et de la remplacer avec une autre ? Pourquoi les vrais coupables ont été blanchis, le Maroc accusé et la vérité déformée ?

Quelle est votre revendication aujourd’hui ?

J’exige que des excuses me soient formulées et présentées. Je demande aussi des dédommagements, à l’instar de ce qui s’est passé avec la famille Rachidi face à la justice belge.

Nidal Wahbeh est le père de l'enfant dont la photo avait été instrumentalisée par des médias espagnols et pro-Polisario. / Ph. FacebookNidal Wahbeh est le père de l'enfant dont la photo avait été instrumentalisée par des médias espagnols et pro-Polisario. / Ph. Facebook

Avez-vous été soutenu par des associations ou des ONG marocaines devant la justice espagnole ?

La seule association qui avait annoncé son soutien au début est l’Association d’amitié palestino-marocaine, dont le siège est à Al-Khalil (ville palestinienne) de Cisjordanie, présidée par Ziyad Jaabari. Ce dernier m’avait demandé une procuration générale pour l’un des avocats, membre de son ONG. En première instance, le jugement a été rendu en ma faveur mais le dédommagement était dérisoire. Il m’a alors demandé une deuxième procuration générale en mon nom et au nom de ma fille. Récemment, le président de cette ONG est venu me voir en décembre dernier pour m’annoncer que nous avions perdu en appel avant de couper contact et ne plus répondre à mes appels téléphoniques.

Quant aux personnes, un avocat de la ville de Témara m’avait promis qu’il me soutiendrait mais nous a finalement informés qu’il n’a plus rien à voir avec le dossier.

Nous voulons que justice soit faite. Jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de contacts avec nos frères au Maroc ou ailleurs. D’après les informations dont nous disposons, les familles marocaines dont les photos ont été utilisées dans les événements de Gdim Izik ont gagné ces affaires depuis plusieurs années. Notre affaire à nous attend toujours.

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