Pour Abou Hafs, l’Etat marocain a favorisé l'idéologie extrémiste

De son passé sulfureux, Mohamed Abdelouahab al-Rafiqi a retenu une chose : mieux vaut prévenir, que guérir. Cet ancien détenu pour terrorisme, condamné à 30 ans de prison suite aux attentats de Casablanca le 16 mai 2013, puis libéré après avoir bénéficié d’une grâce royale en 2012, se dit aujourd’hui «déradicalisé».

Sa rédemption, il la veut au service des jeunes qui se disent séduits par le djihad en Syrie et la propagande de l’organisation «Etat islamique». Dans une interview au site d’information Middle East Eye, il revient sur les motivations des jeunes recrues de la mouvance terroriste, et appelle à une remise en question de l’héritage islamique pour combattre l’expansion de son idéologie.

Une refonte, presque, qui ne saurait être efficiente sans la collaboration des autorités marocaines. Pour l’heure, Mohamed Abdelouahab al-Rafiqi dresse un constat très critique - et sceptique - du travail de prévention entrepris par le Maroc pour retenir une partie de sa jeunesse.

«L’Etat (marocain, ndlr) a une responsabilité dans l’expansion de l’extrémisme religieux. C’est cette faiblesse qui a permis à l’Arabie saoudite de répandre sa doctrine au Maroc et d’y fonder des centaines d’écoles islamiques, c’est pour cela que des livres à tendance wahhabite sont disponibles dans n’importe quelle librairie ou mosquée au Maroc», dit-il.

«Je ne comprends pas comment un adolescent de 15 ans peut voyager en dehors du Maroc et se retrouver au fin fond d’un pays comme l’Afghanistan, l’Arabie saoudite ou le Pakistan. Où est le devoir de responsabilité de l’Etat ? Le Maroc s’est rangé du côté des Etats-Unis et a encouragé ces jeunes à se rendre là-bas», soutient-il.

Mohamed Abdelouahab al-Rafiqi d’ajouter : «En Afghanistan, j’ai vu de jeunes gens, parfois plus jeunes que moi, qui portaient des armes. Comment l’Etat veut-il qu’ils ne soient pas imprégnés de l’idéologie extrémiste après leur retour ?»