À Sidi Moumen, en marge de la mégapole de Casablanca, les vendeurs de street food pullulent et se côtoient. Près des vendeurs d’escargots, se trouvent les marchands de pois chiches et fèves. Chez Jawad qui tient une charrette, les habitants du quartier ont leurs habitudes.
Jawad, vendeur ambulant de son état, a 36 ans, une femme à sa charge et une chambre à payer. Antérieurement maçon, il s’est reconverti à ce métier, car l’on y gagne tout autant selon lui : «On ne trouve pas mieux, mais bon, on n’a pas le choix». L’homme d’origine provincial, loue à 450 dirhams une chambre dans le quartier avoisinant.
Gagner sa vie au jour le jour
Chaque matin, il faut se lever dès l’aube et mettre sur feu doux, les féculents secs qui ont trempé toute la nuit. La cuisson ne nécessitant que de l’eau et du sel s’achève sur le coup de dix heures, l’heure pour Jawad de commencer sa tournée. Aux portes des écoles et des collèges, sur les grandes artères de l’arrondissement à l’Est de Casablanca, Jawad se poste là où les éventuels clients se trouvent. Il ne rentrera chez lui, qu'après avoir vidé ses énormes marmites.
Ses cornets de papier sont à la portée de tous, les prix commencent à 50 centimes. Les enfants affluent de partout pour ces bouchées salées à volonté. Les clients peuvent épicer ensuite avec du cumin ou du poivre rouge. Certains même préfèrent le bouillon que Jawad donne sans compter.
Pourtant sa vie d’apparence simple est parfois tourmentée, non pas tellement par les autorités qui viennent rarement les déranger, lui et ses paires, mais par les voyous qui se pointent parfois. «Des gars se pointent et te fixent des yeux pour demander cinq dirhams et je ne peux pas refuser», explique-t-il en précisant qu’il évite de s’attirer les ennuis dans cette zone.
Son bénéfice tourne autour de 80 dirhams, juste assez pour survivre,dit-il avec modestie. L’été, son business prend l’eau, car les gens préfèrent plutôt lécher des cornets. Jawad prend alors des vacances dans sa campagne natale. Interrogé sur ses ressources, il répond que l’épargne n’est pas vraiment conséquente, «on a juste assez de quoi se nourrir», conclut-il un brin fataliste. Cet homme qui se débrouille pour gagner dignement sa vie ne sait pas qu'il marquera la mémoire des enfants qu'il côtoie chaque jour.