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Grand Angle

Relations maroco-algériennes : Après Sellal, Ali Benflis souligne la nécessité du dialogue direct

Dans une interview accordée au magazine français Le Point, Ali Benflis, ancien Premier ministre et ex-candidat à la présidentielle algérienne, a évoqué hier les relations entre son pays et le Maroc. Il reprend presque les grandes lignes évoquées, il y a quelques semaines, par l’actuel Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal. Les responsables algériens appellent, entre autres, à un «dialogue direct» entre Rabat et Alger. Détails.

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Ali Benflis, secrétaire général du parti Talaie El Houriat (en français « les avant-gardes des libertés »). / Ph. Afrik
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Les relations entre le Maroc et son voisin de l’Est font toujours couler beaucoup d’encre dans la presse des deux pays. Depuis le début du mois, les discours des responsables et hommes politiques algériens tendent vers la séduction, la réaffirmation de la disposition algérienne à régler les différends avec le Maroc, et surtout l’insistance sur la position d’Alger vis-à-vis de ses relations avec Rabat.

La dernière sortie médiatique est signée Ali Benflis, l’ancien Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika entre 2000 et 2003 et, paradoxalement, l’un de ses fervents opposants depuis cette date. Dans un entretien accordé au Point mercredi 23 novembre, Ali Benflis affirme que «les relations entre l'Algérie et le Maroc (…) ne sont pas au mieux de ce qu'elles pourraient ou devraient être».

«Les raisons en sont connues. Il y a la question du Sahara occidental dont les conditions de règlement font l'objet d'une grande divergence entre les deux pays. Il y a aussi, la question des frontières fermées depuis plus de deux décennies», déclare-t-il. Estimant que l'existence de ces problèmes est «préoccupante», l’ancien candidat à la présidentielle algérienne déplore «l'absence de tout dialogue» entre les deux pays voisins. «Tout doit commencer par le rétablissement du dialogue entre l'Algérie et le Maroc rompu depuis une quinzaine d'années. Alors, un grand pas sera franchi, et cela nous permettra de nous atteler à la recherche sereine de solutions aux contentieux existants», affirme-t-il. Et de conclure qu’«au-delà de la résolution de la question du Sahara occidental, l'enjeu déterminant est aussi celui de l'intégration régionale à travers la réouverture du chantier de la construction du Grand Maghreb».

Pour rappel, après sa deuxième défaite à l’élection présidentielle en 2014, Ali Benflis avait annoncé son retrait de la vie publique. En juin 2015, il créait le parti Talaie El Houriat (en français «les avant-gardes des libertés») dont il est le leader. Une formation politique qui a appelé, à plusieurs reprises, à une présidentielle anticipée afin de mettre fin à la «vacance de pouvoir».

Un nouveau discours depuis la COP22 à Marrakech

Il faut reconnaître que l’ouverture des frontières et la révision des relations avec le Maroc a été le sujet fétiche de plusieurs candidats et concurrents du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Toutefois, l'insistance sur le dialogue direct entre les deux pays apporte un nouveau brin de fraîcheur dans les discours récents des responsables algériens.

Il y a quelques semaines déjà, cette ligne a été introduite par le pouvoir algérien. «Nous préférons en Algérie une approche globale et un dialogue direct pour régler toutes les questions», a affirmé le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal dans une déclaration au journal saoudien Sharq al-Awsat début novembre, notamment relayée par le site d'information Tout sur l'Algérie. «L’Algérie est prête à régler ses différends avec le Maroc», a-t-il ajouté, notant qu’Alger «est prêt à (…) régler d’une façon sérieuse et pacifique» ses différends avec Rabat.

D’ailleurs, lors de la 22e Conférence des Parties (COP22) organisée à Marrakech du 7 au 18 novembre dernier, l’Algérie avait dépêché Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation et donc deuxième personnage de l’État, et Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Une manière pour le pouvoir algérien de soutenir son nouveau discours à destination des plus hautes sphères du Royaume.

Pour l’Algérie, la réouverture de la frontière reste envisageable. Toutefois, Rabat est censé accepter les trois conditions posées par le voisin de l’Est : «arrêt de la campagne médiatique vis-à-vis de l’Algérie», «coopération réelle, concrète et efficiente contre l’infiltration massive de drogues», mais surtout «différenciation entre les relations maroco-algériennes et la position de l’Algérie dans le différend du Sahara occidental».

En d’autres mots, le Maroc doit donc reconnaître qu’il mène une campagne de dénigrement vis-à-vis du pouvoir algérien et une «supposée exportation» de drogue vers l’Algérie. Sur la question du Sahara occidental, Alger veut continuer à soutenir le Polisario sans pour autant être accusé d’atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume. Des conditions qui pourraient retarder cette réconciliation tant souhaitée…

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