Le Maroc a toutes les ressources pour atteindre le 100 % énergies renouvelables, selon une étude publiée ce mois-ci par l’université californienne de Stanford. Cette dernière, citée par le site du magazine mensuel français Sciences Et Avenir, s'appuie sur les données des systèmes énergétiques fournis par 139 pays et sur une série d'études qui passent au peigne fin le potentiel de développement des énergies renouvelables pour élaborer des scénarios d’évolution des systèmes énergétiques. Pour plusieurs pays, le 100 % énergies propres et renouvelables reste à portée de main, d'après ce scénario élaboré par une panoplie de chercheurs, dont Mark Jacobson, le premier chercheur à avoir mis au point un modèle informatique pour les relations entre le climat et la pollution de l'air.
Pour le Maroc, le mix énergétique serait ainsi composé globalement de 65,6 % de solaire sous toutes ses formes, 29,7 % d’éolien offshore et terrestre, 2,5 % d’hydroélectricité et d’un complément en énergie marine de 2,1 %. Pour l’énergie solaire, elle serait fournie à partir de panneaux solaires sur des toits résidentiels (18,2 %), de panneaux solaires sur des toits d’institutions commerciales et gouvernementales (31,9 %), d’installations photovoltaïques solaires (11,4 %) et de centrales solaires (11,4 %). Pour l’énergie éolienne, elle serait produite à partir d’éoliennes terrestres (16,2 %) et d'éoliennes offshore (13,5 %).
Économiser 423,6 milliards de dirhams en frais de santé provoqués par la pollution
Les prévisions de l’université californienne de Stanford restent donc en droite ligne avec la Stratégie énergétique nationale. En effet, le Plan solaire marocain appelle au développement de 2000 MW d'ici à 2020, avec des installations solaires à répartir sur cinq sites (Ouarzazate, Ain Beni Mathar, Foum El Oued, Boujdour, Sebkhat Tah). De plus, l’un des objectifs du Programme éolien est d’augmenter la part de l’éolien dans la balance énergétique nationale à 14 % à l'horizon 2020. Le Maroc veut aussi porter la part des énergies renouvelables de 42 % de puissance installée - objectif fixé pour 2020 - à 52 % à l'horizon 2030.
En 2050, la consommation totale d’énergie au Maroc diminuerait de 49 % par rapport à celle d’aujourd’hui en raison de l’absence de conversion. «Utiliser les énergies renouvelables pour tous au lieu d’utiliser du pétrole et improuver l’efficience énergétique signifie que vous utiliserez moins d’énergie», indique l’étude. Pour le Maroc également, les panneaux solaires n’occuperont 0,04 % du territoire contre 0,28 % pour les éoliennes . Cette transition créera près de 133 374 emplois en 40 ans et le royaume économisera 423,6 milliards de dirhams en frais de santé provoqués par la pollution de l’air, soit près de 6 % du PIB. La transition énergétique permettra aussi d’éviter le décès annuel de 8 821 morts à cause de la pollution de l’air. En 2050, le gain annuel en coûts d’énergie, de santé et du climat par personne serait de 24 439,7 dirhams, dont 416,7 dirhams de gain en coût annuel d’énergie par personne.
«Nous avons développé des plans pour transformer les infrastructures énergétiques pour tous les usages actuels (électricité, transports, chauffage/climatisation, industrie, agriculture, forêts, pêche) de 139 pays en systèmes alimentés par le vent, l’eau et le soleil», indique l’étude dans son introduction. La même feuille de route prévoit 80 % de conversion en 2030 et 100 % en 2050. Le travail a d’abord consisté à mesurer la différence entre la conversion des énergies fossiles en énergies prêtes à l’usage de celles des énergies renouvelables pour ensuite convertir ces dépenses en giga watts. Il en ressort que le mix énergétique mondial actuel très dépendant des énergies fossiles exigera 20 600 GW en 2050 pour son approvisionnement, contre 12 100 en 2012. Le scénario 100 % renouvelable exigera, lui, 11 800 GW en 2050, soit une moindre consommation énergétique mondiale de 42 %.
L'étude cite ensuite les neuf avantages de la transition vers le 100 % renouvelable à l’horizon 2030. Il permettra notamment d'éviter les mortalités dues à la pollution, de réduire les coûts du réchauffement climatique, de stabiliser les prix de l’énergie, de créer des emplois et réduire les conflits internationaux sur l’énergie.