Le président turc Recep Tayyip Erdogan veut-il faire du Maroc un nouveau terrain de la guerre qu’il mène contre son ex-mentor, Fethullah Gülen ? La très officielle agence de presse Anadolu indique que l’ambassade de Turquie à Rabat aurait fourni au ministère marocain des Affaires étrangères des informations sur la présence d’antennes, au royaume, de l’association religieuse du mouvement Hizmet dirigée par Gülen, juste après le coup d’Etat manqué survenu vendredi 15 juillet dernier contre le chef de l’Etat.
«Il s’agit essentiellement d’écoles du groupe ‘Mohamed Al Fatih’ à Rabat, Fès, Casablanca et Tanger», explique une source proche du dossier, joint par Yabiladi. Des commerces tenus par des partisans de Gülen pourraient aussi figurer sur les documents procurés par l'ambassade au ministère.
L’annonce de cette nouvelle a été faite par le chargé d’affaire auprès de la chancellerie, Ibrahim Khalil Saliki lors d’une réunion avec une délégation du Parti de la justice et du développement (PJD), composée des députés Mohamed Yatim et Nezha El Ouafi notamment, venue saluer en Turquie la défaite des putschistes.
Cette révélation, censée être frappée du sceau de la confidentialité, divulguée devant les PJDistes, sonne comme un appel du pied aux islamistes marocains pour solliciter leur aide afin de convaincre les responsables de Rabat de faire un geste vis-à-vis de la demande d’Ankara.
Le précédent du cas du bureau de l’agence de presse Cihan, proche de Gülen
«Les autorités marocaines prennent à l’égard de ce sujet les mesures adéquates», a déclaré le diplomate turc devant les hôtes de la Lampe, rapporte l’agence Anadolu. «C’est une ingérence dans les affaires internes du royaume du Maroc», réplique Ibrahim Aktache, responsable du groupe scolaire «Mohamed Al Fatih» au Maroc. Et de nier toute appartenance de ses écoles au mouvement de Gülen : «nous sommes ici au Maroc depuis huit ans, nous avons plus de 500 salariés et travaillons en total respect des lois de ce grand pays».
A l’automne 2015, les partisans de Fethullah Gülen avaient tenté d’arracher une licence pour ouvrir un bureau de leur agence de presse Cihan à Rabat. Le fil des négociations avec des représentants officiels - hors gouvernement - s’était brutalement rompu après la décision le 7 mars dernier du régime d’Erdogan de placer sous sa tutelle l’agence Cihan. Une mesure précédée par la mise sous contrôle judiciaire du quotidien Zaman, également proche du mouvement Hizmet.
Le 7 avril, le Washington Post avait publié un article sur la préparation d’un coup d’Etat en Turquie pour asseoir davantage les pouvoirs d’Erdogan.