A l’appel d’une association locale des droits de l’Homme, Béni Mellal a connu, hier après-midi, une marche des familles des victimes du naufrage d’un bateau de passeurs vers l'Italie. La protestation a été marquée par la tenue d’un sit-in devant le siège de la Maison du migrant.
Les participants ont demandé le rapatriement des dépouilles de leurs proches pour les enterrer à Béni Mellal. Ils ont également dénoncé le «silence» du gouvernement. Presque deux semaines après le drame, le cabinet Benkirane n’a rien entrepris pour calmer la colère des familles. Ce qui explique la requête adressée au roi Mohamed VI pour le rapatriement des corps, indique le Collectif Al Karama des droits de l’Homme de Béni Mellal dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
La question soulevée à la Chambre des représentants
Alors que la société civile menait cette action, au Parlement, un député a interpellé la Tutelle sur le sujet. Le ministre des MRE et de la migration a bien entendu défendu l’action de son gouvernement, affirmant qu’ «il y a un suivi quotidien du drame avec notre ambassade à Rome et avec notre consulat à Palerme». Anis Birou a également évoqué les difficultés pour l’identification des victimes marocaines.
«C’est toute une procédure dans laquelle intervient la police, des magistrats et plusieurs contacts ont d'ailleurs déjà été effectués. Nous nous appuyons également sur les témoignages de survivants marocains. Mais cela nécessite du temps pour s’assurer de la véracité de toutes les déclarations recueillies», a-t-il fait savoir. «Jusqu’à présent nous avons pu identifier les noms de deux corps», conclu Birou dans sa réponse à la Chambre des représentants.
Les disparitions au cours de tentatives d'émigration clandestine ont sensiblement augmenté ces dernières semaines au Maroc. Si à Béni Mellal, les familles pleurent la disparition de 14 victimes, à Fès, précisément au quartier Aïn Noqbi, 15 candidats à l’immigration clandestine ont péri dans les eaux italiennes et libyennes. A Casablanca, des estimations avancent la perte d’environ dix jeunes dans les mêmes circonstances.
Ces nouveaux drames et la mobilisation de la société civile de Béni Mellal rappellent la triste période du début des années 2000 où des milliers de Marocains à bord d’embarcations de fortune trouvèrent la mort noyés dans les eaux espagnoles.