Le Maroc, ce n’est pas l’Algérie, ni la Tunisie. Les problèmes sociaux sont certes une réalité dans le Royaume, mais ne font pas le poids face aux réformes en cours. C’est le postulat de Menouar Alem, représentant du Royaume à l’UE. Le diplomate écarte, à son tour, toute idée de révolution populaire au Maroc. Et ce, en raison de plusieurs autres particularités du Maroc par rapport à ses voisins.
Le Maroc est atypique
Tout d’abord, sur le plan politique, Menouar Alem, dans son interview avec Euractive.com, soutient que le «le cas du Maroc est atypique» car ici, la monarchie ne fait pas l’objet de contestation. Au contraire, elle constitue «le ciment de l’unité nationale». C'est une «monarchie légitime» qui ne s’e serait pas empêchée de promouvoir la «culture du pluripartisme» dès les années 1950-1960. De même, le Royaume compte pas moins de «555 000 associations et ONG qui participent au développement du Maroc».
Des soupapes de sécurité
Sur le plan socio-économique, la hausse continue des prix des denrées de premières nécessités et du pétrole (barils à 100 dollars) continuent certes d’inquiéter, mais Menouar Alem indique que les autorités sont «vigilantes» sur ces points. Et que les réformes menées depuis 15 ans «ont créé des soupapes de sécurité permettant de surmonter ou d’absorber la crise économique mondiale». Par conséquent, «pas trop d’impact, de conséquences» sur la société marocaine. En un mot, «le citoyen marocain est immunisé contre d’éventuelles dérives radicales».
En ce qui concerne le Maghreb, l’ambassadeur du Maroc à l’UE qualifie de «scandaleux» l’état de la coopération entre pays voisins. «Nous sommes la région la plus à la traîne en termes d'intégration économique» renchérit-il. Sur le plan sécuritaire, ces pays sont notamment guettés par plusieurs «fléaux» dont les racines se trouvent dans la zone Sahélo-saharienne.
Impliquer le Maroc dans la lutte contre AQMI
Les trafiquants de drogues, d’êtres humains et d’armes y ont élu domicile. Le diplomate fait savoir qu'aujourd'hui, «40 % de la consommation de cocaïne présente en Europe vient de cette région». De la drogue en provenance d’Amérique latine, acheminée sur les côtes atlantiques à l’aide même de «sous-marins».
Mais la plus grande menace à son avis, n’est autre qu’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Un réseau que les Etats de la région échouent à combattre, car refusant de coopérer dans leur lutte contre AQMI. «Une stratégie qui a montré tout son échec» car le Maroc étant exclu dans cette lutte. Menouar Alem appelle donc à ce que le Royaume, à l’instar de l’UE, soit impliqué, pour combattre Al-Qaeda dans la région.