Le Maroc tient à entourer son éventuelle participation à une offensive terrestre en Syrie du plus grand secret. Cet après-midi à l’occasion d’un point de presse avec son homologue saoudien, Salaheddine Mezouar a esquivé les questions des journalistes sur ce sujet, au point d'affirmer qu’il n’a pas abordé avec Al Jubeir, le projet d’opération militaire de la coalition islamique contre Daesh.
Le ministre marocain a précisé que toute intervention des FAR en Syrie n’était officiellement pas au menu des discussions. Des propos qui tranchent avec le cadre général dans lequel s’inscrit la visite d’Adel Al Jubeir au Maroc, venu pour glaner le maximum de soutien à la participation militaire terrestre des pays de la coalition contre EI.
Pourtant, le chef de la diplomatie marocaine a rassuré son interlocuteur sur la disposition du royaume à intervenir «aux côtés de l’Arabie Saoudite contre toute ingérence dans ses affaires internes». Une allusion visant clairement l’Iran et à ses alliés Houthies au Yémen.
Rabat cache son jeu
Mezouar a également rappelé que Rabat appuie les actions de Ryad «contre les menaces qui guettent la paix et la stabilité dans la région du Golfe». Et d’ajouter que le Maroc «rejette tout sectarisme abjecte et l’ingérence dans les affaires des Etats». Voilà qui devrait satisfaire les responsables saoudiens.
Si Mezouar n’était pas aussi direct dans ses déclarations sur l'envoie de soldats en Syrie c’est pour une simple raison de prérogative. En effet, les questions liées au déploiement d’unités des FAR à l'étranger sont du ressort exclusif du roi Mohammed VI.
Le royaume reste ainsi fidèle à une ligne de conduite établie depuis le 26 mars 2014, date du lancement des opérations de la coalition arabe, dirigée par l’Arabie Saoudite, au Yémen. Il a fallu l’accident de l’avion F-16 et le décès de son pilote pour que le Maroc reconnaisse officiellement sa participation à la guerre. Une discrétion qui continue même si eu égards à ses relations stratégiques avec les monarchies du Golfe, le royaume est fortement impliqué dans la sécurisation de la région et ce depuis les années 80.