Mehdi Ben Barka s’est invité, hier après-midi, à la séance des questions orales à la Chambre des représentants. Le groupe de l’USFP a demandé de réciter la Fatiha en la mémoire du premier président du parlement marocain mais c’est le PAM qui a ravi la vedette aux socialistes sur un sujet qu’ils considèrent le leur, et ce en interpellant le ministre de la Justice sur l’enlèvement du fondateur de l’UNFP.
La réponse de Mustapha Ramid fut très simple en renvoyant la balle dans le camp du CNDH. «Vous vous êtes trompé d’adresse honorable député», s’est-il adressé à l’auteur de la question, expliquant que ses services n'ont jamais ouvert une instruction sur cette affaire. «Pourquoi vous tenez tant à impliquer le gouvernent dans ce dossier alors qu’il est du ressort exclusif de l’Instance Equité et Réconciliation», s’est-il interrogé.
Et de poursuivre que l’enquête sur la disparition de Ben Barka est actuellement entre les mains du CNDH qu’il a qualifié d' «héritier légitime de l’IER». Ramid a par ailleurs invité le député à se diriger vers le Conseil national des droits de l’Homme s’il souhaite connaitre la vérité sur le sort de Ben Barka.
Ramid a omis d’évoquer la nouvelle demande de la justice française
Le PJDiste a rappelé que l’IER (2004-2006) avait mené des investigations sur la disparition du leader de la gauche marocaine mais sans parvenir à des résultats satisfaisants. Le CNDH a subi également le même échec. Devant les députés, Ramid a souligné que l’organisme que préside Driss El Yazami a failli dans sa mission pour révéler la vérité sur sept cas de disparitions de détenus politiques. En revanche le ministre s’est dit confiant en les mécanismes de la justice transitionnelle pour résoudre l’énigme de la disparition de Ben Barka.
Cette version de Mustapha Ramid n’a pas convaincu le député du PAM. Il n’est d’ailleurs pas le seul. Le juge français, Cyril Paquaux, chargé de l’enquête est également sur la même longueur d’onde. Le magistrat a sollicité au ministre marocain de la Justice l’autorisation de mener une commission rogatoire afin d’interroger certains suspects encore en vie et d’effectuer des fouilles dans le centre de détention PF3 (Point fixe trois).
Une demande restée sans réponse par Ramid. La lettre du magistrat français a le mérite de rappeler que le dossier fait toujours l'objet d'une instruction de la justice d’un autre pays.