Aux travaux du Conseil des droits de l’Homme à Genève, le Maroc n’était pas uniquement attaqué sur le dossier du Sahara occidental mais également sur la question amazighe. A la 56ème session du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le représentant du Royaume a dû faire face à un déluge de critiques de la part du Rassemblement mondial amazigh, présidé par le Marocain Rachid Rkha.
L’ONG internationale a dénoncé ce qu’elle qualifie de «violations» commises par l’Etat marocain envers la population berbère dans ses droits politiques et économiques. Le RMA a pointé du doigt le retard qu’accuse l’opérationnalisation de l’officialisation de la langue amazighe, conformément à l’article 5 de la constitution du 1er juillet 2011.
Voilà en effet plus de trois ans que le gouvernement Benkirane traine le pas pour élaborer le cadre législatif y afférent. Et pourtant la loi fondamentale du Royaume exige que toutes les lois organiques soient adoptées durant cette législature (2012-2016).
Des revendications politiques et culturelles
Dans son réquisitoire, le RMA a critiqué l’échec de l’enseignement de l’amazighe dans les écoles primaires. Un programme lancé en 2003 du temps du gouvernement Jettou à titre expérimental dans 344 écoles avec l’objectif de sa généralisation aux niveaux de tous les cycles en 2008.
Le ministre marocain de l’Emploi était présent à Genève pour répliquer aux observations des associations. Sur cette question, Abdeslamn Seddiki a expliqué que le nombre des enseignants a enregistré une hausse passant de «80 en 2013 à 113 en 2014». C’est d’ailleurs la même ligne adopté par l’exécutif du temps de Abbas El Fassi.
Le ministre a évité de répondre aux interrogations du RMA sur les raisons à l’origine de l’ «exclusion des œuvres littéraires et artistiques berbères de la subvention qu’accorde annuellement le département de la Culture».
La liste des récriminations de l’ONG comprend également la libération de détenus du Mouvement culturel amazigh, de consacrer un jour férié à la célébration de l’année amazighe et d’autoriser la création de formations politiques amazighes. En 2008, le tribunal administratif de Rabat avait dissout le PDAM (Parti démocratique amazigh marocain). Depuis les tentatives de lancer de nouvelles structures n’ont pas abouti.