Ali Lmrabet n’aura pas son certificat de résidence au Maroc. Le ministre de l’Intérieur a précisé, hier à Rabat lors d’une réunion avec des agences de presse, que le document en question «ne peut être délivré à un citoyen que s'il prouve avoir habité au moins trois mois durant la dernière année à l'adresse figurant sur sa demande», ajoutant que «la loi est claire» là-dessus.
«Le problème c'est que Ali Lmrabet veut obtenir quelque chose d'illégale (…) surtout en cette période électorale où le lieu de résidence représente un enjeu de taille», a souligné Mohamed Hassad. «On risque de faire chuter le système électoral si on se permet le luxe de délivrer des certificats de résidence à tort et à travers», a-t-il ensuite précisé.
«Il n’a même pas passé un mois continu en 2014»
Le ministre a justifié le rejet par ses services de la demande de Lmrabet par le fait que le requérant ne résidait pas à Tétouan. «Il n'a pas passé plus d'un mois continu au Maroc durant l'année 2014», a-t-il tenu à expliquer. Pour Hassad, la résidence du journaliste à Barcelone ne souffre par contre pas de la moindre équivoque. «Il peut obtenir en trois jours un nouveau passeport auprès du Consulat du Maroc à Barcelone où il réside», a-t-il ainsi précisé.
Pourtant Lmrabet ne cesse de contester cette version avec preuve à l’appui. Avant même qu’il n’observe sa grève de la faim à Genève, il avait publié sur son site un document datant du 22 mai 2015 portant la signature du consul du royaume dans la capitale de la Catalogne. Dans celui-ci la représentation diplomatique marocaine atteste que le journaliste «a résidé à Barcelone jusqu’au mois d’octobre 2011».
Par ailleurs, Mohamed Hassad a estimé que la décision des autorités de Tétouan était motivée uniquement par le respect de la loi et «n'a aucune relation avec les intentions de l'intéressé de créer un journal». Pour argumenter ses propos il a ensuite souligné que le journaliste gérait un site web «qui n'a jamais été censuré».
La sortie du ministre de l’Intérieur est également destinée au comité de solidarité avec Lmrabet, présidé par Ahmed Marzouki, un ancien détenu de Tazmamart. Il fait comprendre à ses membres que leurs sollicitations de rendez-vous avec les ministres ne serviront à rien. D’ailleurs, leurs demandes pour rencontrer le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, ou encore le ministre délégué à l’Intérieur, Charki Draiss se sont révélées toutes infructueuses.