L’Exécutif marocain est déterminé à réformer les caisses de retraite. Le gouvernement ne souhaite visiblement pas attendre une solution de compromis avec les syndicats pour lancer ce chantier. «La décision de mettre en œuvre la réforme dans les meilleurs délais a été prise», indique un communiqué de la réunion du conseil du gouvernement du jeudi 23 juillet.
«Un choix obligatoire», ajoute la même source. Dans le cas contraire, «le gouvernement sera, en 2018, dans l'obligation de faire des ponctions sur les salaires pour combler le déficit, ou de ne pas verser les pensions, en 2022, en l'absence de ressources financières nécessaires», avertit le texte. Tout retard devrait rendre la réforme «couteuse» et «impossible», met encore en garde le gouvernement.
Ce scénario catastrophe ne concerne dans un premier temps que les fonctionnaires affiliés à la Caisse marocaine de retraite, un organisme public. En revanche pour les adhérents de la CNSS (Caisse nationale de la sécurité sociale) ou au RCAR (Régime collectif d’allocation de la retraite, géré par la Caisse de dépôt et de gestion), ils ont quelques années de répit avant que les finances n’atteignent la zone rouge.
Benkirane répond au rejet des syndicats de son offre
Cette position ferme est affichée deux jours après le rejet par trois syndicats (UMT, CDT et FDT, le courant opposé à Lachgar) des «cadeaux» du gouvernement aux salariés en échange d’un accord sur son projet de redressement de la CMR. «Benkirane aurait proposé une augmentation des allocations familiales de 200 à 300 dirhams pour cinq enfants et non plus comme cela est en vigueur pour les trois premiers seulement. Il s’est dit également prêt à exonérer totalement les fonctionnaires qui gagnent 3 600 dirhams par mois de l’impôt général sur le revenu», nous confie une source syndicale.
Dans un communiqué, parvenu à notre rédaction, les trois syndicats qualifient l’offre de l’Exécutif de «très faible». Selon eux, elle ne répond même pas au «niveau des aspirations et espoirs de la classe ouvrière marocaine et à l’ensemble des salariés de la fonction publique, des collectivités locales, des offices publics et semi-publics et ceux du privé».
L’UMT, la CDT et la FDT se disent prêts à défendre les droits des travailleurs mais se refusent d’annoncer des grèves ou des protestations pour le moment. C’est pour eux une manière de laisser une chance au dialogue, d’autant qu’ils ont des amis au sein du gouvernement, notamment chez le PPS de Nabil Benabdellah qui est présent dans le tour de table de la direction de l’UMT.