L’affaire des deux filles d’Inezgane et l’agression d’un homme considéré comme homosexuel à Fès sont des «sujets marginaux» a indiqué hier Hamid Chabat sur la chaîne Al Oula. «C’est un faux débat», a-t-il ajouté soulignant que sa formation est beaucoup plus préoccupée par «l’emploi, la santé, l’enseignement, les fuites des épreuves du bac et en général par l’avenir de la nation». Le secrétaire général de l’Istiqlal estime que les deux polémiques sont l’œuvre de campagnes d’ «organisations internationales» qui tentent de raviver la «Fitna» au sein du royaume.
Renvoyer la balle dans le camp du gouvernement
Tout au long de sa réaction, Chabat a évité de condamner les auteurs des deux incidents, insistant à la fois sur le «référentiel islamique de son parti, créé par des oulémas réformateurs», «sa fierté personnelle d’être un musulman» et «au respect du Ramadan par l’ensemble des Marocains».
Assumant parfaitement les positions conservatrices de son parti, il a souligné que la défense de «la religion musulmane ne relève pas de l’intégrisme». Et d’ajouter qu’ «il y a plusieurs formes d’extrémismes» tels «la nudité pendant le Ramadan et la nudité à la télévision qui heurtent les sentiments des familles marocaines». «Des dépassements condamnables au même titre que tout acte visant à se substituer à l’Etat pour sanctionner», a-t-il martelé.
Pressé par l’animateur de l’émission de clarifier sa position, le secrétaire général du parti de la Balance a renvoyé la balle dans le camp du gouvernement qui aurait dû «ouvrir un dialogue national sur la question de l’identité marocaine. Nous voulons savoir qui nous sommes dans ce pays». Le présentateur a tenté de revenir à la charge mais sans succès. Hamid Chabat propose de laisser à la justice le soin de régler les deux affaires et d’inviter le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, à assumer ses responsabilités.
L’Istiqlal revient à ses premiers amours
La diffusion du spectacle de Jennifer Lopez sur 2M lors du festival de Mawazine et le film «Much loved» de Nabil Ayouch ont permis aux Istiqlaliens de placer à nouveau comme défenseurs de «l’identité nationale et l’islam». Un terrain que le PI avait déserté depuis l’élection de Hamid Chabat (septembre 2012) à la tête du parti au profit de l’ouverture d’autres fronts de bataille contre le PJD de Abdelilah Benkirane.
Ce regain d’intérêt n’est pas innocent avec en ligne de mire les prochaines échéances électorales. Dans une société largement conservatrice, la défense des deux filles d’Inezgane ou la victime de l'agression homophobe de Fès pourraient nuire aux candidats de la formation, notamment dans les communes rurales.