France Télévisions doit «veiller tout particulièrement à la nécessité de ne pas véhiculer des préjugés ou d’amalgames». C’est la recommandation émise par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) suite à l’usage d’une expression utilisée au journal télévisé sur France 2.
Le 13 janvier dernier en effet, le JT de 20h a diffusé un reportage sur la recrudescence des actes islamophobes en France au lendemain des attentats de Paris. Le journaliste David Pujadas avait alors lancé le sujet en parlant de «musulman marié à une française» pour qualifier une victime de ces actes.
Exemplarité oblige dans la lutte contre les discriminations
Le CSA s’est réuni en assemblée plénière lundi 4 mai pour rappeler la chaine à l’ordre. «Cette présentation, faite d’une manière qui pouvait sembler dénier sa nationalité française à l’intervenant, contrevient aux dispositions de l’article 36 du cahier des missions et des charges de France Télévisions relatifs à la lutte contre les discriminations et est de nature à nuire aux efforts substantiels déployés par la société pour promouvoir les valeurs partagées au sein de la communauté nationale», indique le Conseil dans un communiqué. L’instance a également rappelé au groupe de médias public sa responsabilité de faire preuve d’ «exemplarité» dans la lutte contre les discriminations.
L’expression avait beaucoup fait réagir, notamment sur les réseaux sociaux. En direct, sur le plateau de «Des paroles et des actes» sur France 2, une invitée avait même repris le journaliste, estimant que «c’est dramatique» de faire prévaloir l’appartenance religieuse d’un citoyen sur sa nationale. Le journaliste avait reconnu sa maladresse.
L’appel à l’ordre du CSA aura certainement une résonnance chez les autres chaînes de télévision, surtout avec la montée des actes islamophobes en France. D’autant plus que citoyens et certains politiques ont souvent dénoncé les médias accusés d’encourager la stigmatisation qu’entretiennent certains Français vis-à-vis de leurs compatriotes de confession musulmane.