Les listes des œuvres sélectionnées pour le Goncourt et le Renaudot ont été toutes deux rendues public ce lundi, 3 septembre. La nomination des deux auteurs marocains peut être considérée comme l’une des (rares) surprises de cette rentrée littéraire en France, que certains estimaient être plutôt conventionnelle tandis que d’autres s’en prenaient violemment à certains des auteurs nominés.
Abdellah Taïa se retrouve parmi 14 autres auteurs à espérer devenir le 85ème lauréat du prix Théophraste Renaudot, fondé en 1927. L’auteur marocain résidant en France ne figurait pourtant pas dans une première liste de candidats sélectionnés, publiée en mai dernier. Mais cette semaine, d’autres œuvres ont été ajoutées à ceux déjà choisis, dont «Le jour du Roi». Taïa y retrace l’histoire de deux jeunes Marocains, amis, mais qu’un incident séparera. L’un d’entre eux, fils d’une famille riche, est choisi à baiser la main du Roi Hassan II lors d’une cérémonie officielle, chose à laquelle l’autre, issu d’une famille pauvre, ne pourrait prétendre mais qui le rend jaloux. Et cette injustice sociale qui, dans un sens plus large divise la société marocaine et constitue le thème principal du roman, sera vengée…
Après plusieurs œuvres autobiographiques, Taïa explique qu’à travers cette œuvre publiée il y a quelques semaines, il s’engageait davantage dans la fiction ; choix que le jury semble apprécier. Le prix lui-même ne sera cependant que décerné en novembre, après délibération sur le prix Goncourt. Taïa serait le premier Marocain à recevoir ce prix littéraire.
Fouad Laroui, la surprise de la nomination des candidats au prix Goncourt s’il y en a, suivrait, s’il devait être lauréat, son compatriote Tahar Benjelloun, qui fait d’ailleurs partie du jury. Laroui, professeur, journaliste, économiste et auteur, a su persuader par sa plume pleine d’humour, retraçant des réalités socio-économiques pourtant sérieuses.
Dans «Une année chez les Français», la relation post-coloniale mais pas pour autant facile entre Marocains et Français, mais aussi le clivage campagne – métropole entrent en jeu quand Mehdi, jeune Marocain de l’Atlas, entre au Lycée Lyautey de Casablanca en 1970. Mehdi vivra un «terrible choc culturel» en découvrant le mode de vie des Français : «ces gens invraisemblables qui vivent dans un luxe inouï, qui mangent des choses dégoûtantes, qui parlent sans la moindre pudeur des sujets les plus sacrilèges et lui manifestent une tendresse et un intérêt qu’il ne comprend absolument pas.» Mais comme l’annonce l’éditeur du roman, «le jour viendra où l’enfant devra choisir entre le paradis qu’on lui promet et sa famille d’origine.» Une touche autobiographique de celui qui, venant de la région d’Oujda, est lui aussi passé par le lycée Lyautey ? (Peut-être) A découvrir en lisant…
Après avoir été nominé en avril dernier, mais sans succès, pour le prix Goncourt de la nouvelle, voilà Fouad Laroui nominé pour le grand frère de ce prix littéraire. Cette sélection n’est cependant que la première parmi trois qui aboutiront, en début novembre, à la sélection finale du lauréat 2010 de ce prix, décerné depuis 1903.