Yabiladi : Après deux jours, quel bilan faites-vous du déroulement des activités du FMDH ?
Kamal Lahbib : Le bilan s’impose de lui-même. Le nombre de participants est extraordinaire malgré les conditions climatiques difficiles que nous avons vécues ces deux derniers jours. Les gens insistent pour prendre part aux diiférentes activités du FMDH, c’est un élément très positif. Dans les espaces thématiques, des débats de haut niveau se tiennent dans des salles souvent pleines. Quand on voit cet engouement, on en tire que du positif.
Mais nous ne sommes encore qu’à deux jours du FMDH, nous ferons des évaluations plus tard pour voir s’il y a des forums thématiques qui n’ont pas eu lieu comme il était prévu. Pour le moment, le bilan est très positif. Le Comité Scientifique pour sa part sera à l’écoute des éléments fondamentaux, des recommandations et des interpellations sur les questions relatives aux Droits de l’Homme. Le Forum n’est pas que marocain, il s’agit d’interpeller la conscience collective sur les questions des droits l’Homme.
Justement, c’est un Forum où prennent part d’importantes associations et délégations étrangères, alors que certaines associations marocaines telles que l'AMDH ont décidé de le boycotter. Quelle est votre lecture de cette situation ?
En tant que Comité Scientifique nous respecter leur décision, la décision est déjà là. Au début, il y a eu beaucoup d’hésitations entre la participation et la non-participation. Le débat remonte à plusieurs années déjà. En ce qui nous concerne, il est clair que justifier la non-participation n’a pas de poids politique pour la situation que nous vivons actuellement. Ces associations ont leur justification. Le seul élément valable qui peut faire l'objet de débat, est qu’il y a un recul des droits de l’homme au Maroc, il y a des attaques sur les organisations de défense des Droits l’Homme, sur leurs activités et sur la société civile…Nous avons tous dénoncé de manière unanime ces situations là, mais il faut savoir que ce forum est une occasion pour évoquer ces questions. Il ne s’agit pas d’un forum uniquement maroco-marocain, mais un rendez-vous qui concerne le monde entier. Aujourd’hui, nous réfléchissons à comment arriver à pouvoir intégrer les problèmes des autres et pouvoir les défendre.
Revenons sur le discours du roi où il a mis en exergue les avancées du Maroc en matière de droits de l’Homme, ainsi que les décisions pour mettre fin aux pratiques de la torture…Certaines associations pensent que dans les faits, ces pratiques ne prendront pas fin dans le pays.
Je n’ai pas vu un seul Etat où on passe d’une pratique ancrée qui change du jour au lendemain. Le fait d’adhérer à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants donne aux défenseurs des droits de l'Homme une légitimité pour s’attaquer à tout acte de torture dans le pays. Aujourd'hui, nous avons un référentiel juridique et une obligation nationale et internationale pour mettre fin à la pratique de la torture. C’est donc un travail de longue haleine qui a porté ses fruits et une avancée importante en matière de droits de l’Homme.
En ce qui concerne l’autre volet du discours royal, il s’agit de déclencher un processus pour reconstruire la vision et la conception des Droits de l’Homme dans les pays du sud. C’est-à-dire renforcer l’arsenal des droits de l’Homme dans le monde à partir des expériences des pays du sud. C’est le moment de mettre fin aux analyses conceptuelles sur l’Afrique. Les pays africains doivent aujourdh'ui être des producteurs d'idées pour renforcer le débat sur la question.