«En tant que citoyen et en tant que président, je crois que les musulmans doivent bénéficier du droit de pratiquer leur religion comme n'importe quel autre ressortissant de ce pays», a déclaré Obama durant un repas de rupture de jeûne à la Maison Blanche, qui réunissait des représentants de la communauté musulmane et des diplomates des pays musulmans. Ce droit «inclut le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire sur une propriété privée dans le bas de Manhattan dans le respect des règlements et du droit local», a-t-il dit, tout en précisant que «l’engagement pour la liberté religieuse est indéfectible aux Etats-Unis». A cet effet, il a rappelé le premier amendement de la Constitution de son pays, relatif à la liberté religieuse.
Encore des polémiques
Après le soutien controversé du maire de New-York et le feu vert d’une commission des domaines de la ville pour la construction de Cordoba House, Barack Obama a rallumé le feu chez les détracteurs. Les familles de victimes opposées à ce projet, ont indiqué dans un communiqué samedi, que le président a «choisi de déclarer nos souvenirs du 11 septembre obsolètes et le caractère sacré de Ground Zero dépassé».
Même son de cloche du côté des Républicains. John Andrew Boehner, chef de la minorité à la Chambre des Représentants, a affirmé que «le fait que quelqu’un ait le droit de faire quelque chose ne signifie pas que cela soit la bonne chose à faire». Selon lui, il ne s’agit pas d’une «question de droit, de liberté religieuse ou de cadastre. C’est une question de respect pour un moment tragique de notre Histoire». Pour sa part, le représentant de New York à la Chambre basse, Peter King, a accusé le président d'avoir «cédé au politiquement correct». Et le sénateur républicain du Texas, John Cornyn, a enfoncé Barack Obama, affirmant que le pensionnaire de la Maison Blanche n’était «pas en phase avec l’Américain moyen sur ce sujet».
Nouveau thème de campagne des Républicains ?
L’administration Obama a été vivement critiquée pour sa gestion de la crise de la marée noire dans le Golfe du Mexique, à la suite de l'explosion, le 20 avril, de la plate-forme Deepwater Horizon. Si le groupe pétrolier British Petroleum, a annoncé lundi avoir réussi à stopper la fuite de pétrole qui pollue le Golfe et les côtes américaines depuis plus de trois mois, la controverse demeure encore.
Après cet épisode, les Démocrates font désormais face à de nouvelles attaques aussi bien de la société civile mais et surtout de l’opposition républicaine. John Cornyn du Texas, avait indiqué également que les électeurs «rendraient leur verdict» lors des élections parlementaires de mi-mandat, en novembre. Conscient du fait que beaucoup de ses concitoyens font amalgame entre Islam et terrorisme, Barack Obama avait insisté durant son discours, sur le fait qu’Islam n’est pas égal au terrorisme. L’organisation «Al Qaeda n'est pas le défenseur de l'islam. Elle n'est qu'une grave distorsion de l'islam», a-t-il ajouté. Conscient également que son intervention serait interprétée de plusieurs façons et qu’elle ferait la une de la presse, Obama a tenté de nuancer ses propos samedi lors d’un déplacement en Floride. «Je n'évoquais pas et je n'évoquerai pas le bien-fondé du fait de décider de construire une mosquée à cet endroit. J'évoquais très précisément ce droit (...) qui remonte à notre fondation. Notre pays, c'est cela.».
Barack Obama a bien fait de vouloir redresser la barre. Mais cette tentative sera-t-elle suffisante ? Le dernier sondage de CNN Opinion Research, nous indique que 68% des Américains sont contre le projet et seuls 29% y sont favorables. Toutefois, la majorité des répondants ont reconnu le droit des musulmans de bâtir légalement Cordoba House.
Le Parti démocrate est en campagne pour les élections législatives de mi-mandat. D’après de nombreux journaux, Obama mènera en personne à partir de ce lundi, la bataille en soutien à de nombreux candidats démocrates. L’ancien sénateur de l’Illinois «a fait passer ses principes avant la politique» selon l’éditorialiste du New-York Daily News. Après cette sortie glissante, il lui faudra plus que son courage et ses discours mobilisateurs pour gagner des voix en novembre prochain.
Extrait du discours du président Obama: