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Grand Angle  

Maroc : Des artisans conçoivent un moteur V12 à base de bois, de gemmes et de fossiles

Sous la direction de l’artiste belge Eric Van Hove, plus de 50 artisans marocains ont réalisé une œuvre hors-pair : un moteur V12 à base de cuir, de bois, de gemmes et de fossiles. L’oeuvre est si fascinante qu’après des expositions au Maroc, elle sera bientôt dans les grands musées européens. L’artiste appelle à une prise de conscience du talent exceptionnel des artisans marocains.

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Le Laraki V12 recréé à base de bois, de cuivre, d'étain, de gemmes et de fossiles.
Eric Van Hove dans son atelier. Derrière lui, un artisan marocain d'active.

C’est au Musée Abderrahman Slaoui de Casablanca qu’Eric Van Hove expose actuellement sa belle œuvre d’art. Cet artiste belge a embarqué dans son atelier, située près de Marrakech, 56 artisans marocains pour concevoir une réplique du moteur de la Laraki Fulgura, cette voiture de sport conçue en 2005 par le marocain Abdeslam Laraki.

Un moteur à 460 pièces

Au cœur de l’atelier marrakchi, les artisans marocains ont soigneusement sculpté chacune des 460 pièces du moteur V12, sous les directives de l’artiste belge. Pour aboutir au produit fini après neuf mois de dur labeur, ils ont utilisé 15 types de bois, dont le cèdre blanc pour les culasses, le bois de rose abricot pour le système de refroidissement, et l’ébène pour le système d’assistance de direction.

L’équipe de Van Hove a également utilisé le cuivre jaune, le laiton et l’étain pour former le collecteur d’admission. Des fossiles d’ammonites datant de près de 80 millions d’années ont servi à la constitution des pistons. Plusieurs autres éléments dont des gemmes ont également été utilisés. «Un moteur est un énorme assemblage de pièces. Certaines sont très grandes et les autres petites, mais elles doivent toutes parfaitement aller ensemble. Si un boulon manque, l’appareil n’ira pas plus loin que quelques mètres en avant», explique l’artiste belge à Al Jazeera.

Les artisans marocains, capables de bien plus que la conception des pots et miroirs

A travers cette œuvre, Eric Van Hove entend «terminer» le travail d’Abdeslam Laraki qui avait pu monter sa voiture au Maroc, mais en utilisant un moteur fabriqué en Allemagne. Pour lui, les artisans marocains sont très talentueux, mais restent limités. «Le Maroc a trois millions d'artisans - plus que toute autre nation au monde - mais ils sont seulement employés pour produire la marchandise bon marché en série destinée à l’exportation : pots et miroirs», remarque l’artiste.

Le moteur aux mille et une facettes a été exposé à Bank Al Maghrib en mars dernier dans le cadre de la cinquième édition de la Biennale de Marrakech. Pour la fondatrice Vanessa Branson, «le travail d’Eric montre de quoi sont capables ces gens extraordinaires [les artisans marocains, ndlr] quand leurs compétences sont pleinement utilisées». «J'espère que cela va attirer d'autres artistes de la région, une fois qu'ils se rendront compte de l’immensité du talent qui se trouve au Maroc», a-t-elle souhaité.

Pour leur part, les artisans - payés entre 400 et 850 dollars selon l’âge et l’expérience - se disent plutôt satisfaits de ce qu’ils font. «J’avais toujours rêvé de réaliser quelque chose en utilisant 70 outils, mais jusqu’ici je n’avais jamais pu le faire, parce que la conception des tableaux n’en demande pas autant», affirme Abdelkader Hmidouch, un quadragénaire. L’homme qui a travaillé pendant 30 comme apprenti chez un maître à Marrakech, estime que son rêve est devenu réalité.

Depuis quelques temps, le moteur d’Eric Van Hove fait le tour de la presse international. Que ce soit en Russie, en Allemagne, en Italie ou en Grande Bretagne, l’œuvre fascine. Au cours des six prochains mois, elle sera exposée dans les grands musées européens.

Eric Van Hove, présentant son moteur V12 au TEDx Marrakech en décembre 2013

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