Assurance halal : « Takaful », bientôt autorisée au Maroc

Très bientôt, les Marocains pourront souscrire une assurance en total conformité avec les préceptes de la charia. En effet, le secrétariat général du gouvernement examine actuellement le projet de loi y afférent, proposé par l’Exécutif, apprend Yabiladi auprès de la direction des Assurances et de la prévoyance sociale (DAPS), relevant du ministère de l’Economie et des Finances. C'est la grande nouveauté que prévoit le prochain Code des assurances.

Communément appelé Takaful, cette assurance – comme son nom l’indique - est fondée sur le principe de la solidarité par le biais d'un système de garantie coopérative. Il s’agit pour les membres «clients» de mettre leur argent en commun pour bénéficier d'une garantie mutuelle contre pertes ou dommages. Les excédents constituent des réserves pouvant être utilisées plus tard. «Mais la problématique se relève quand il y a des déficits. A ce moment, la compagnie fait des avances à la place des assurés, qu’elle récupèrera lorsqu’il y aura des excédents», nous explique Othman El Alami, adjoint au DAPS.

Il est important de noter qu’ici le vocabulaire change. A titre d’exemple, il ne sera jamais question de gain - étant donné que le taux d’intérêt est prohibé - mais plutôt de «commission de gestion», indique le responsable. On parlera en outre de participation, plutôt que de prime d’assurance et le souscripteur ou contractant est dénommé «participant».

Les établissements spécialisés

Par ailleurs, le projet de loi tel que proposé par le gouvernement prévoit que les entreprises d’assurance demandeuses de l’agrément pour le Takaful, soient des sociétés spécialisées. Les compagnies d’assurance classique déjà existantes devront filialiser cette activité. Selon notre source au ministère des Finances, le but est de satisfaire au mieux les Marocains strictes concernant la notion religieuse. «Comme disent certains d’entre eux, on n’achète pas le lait dans un bar», lance-t-il. En outre, les produits proposé par les établissements devront être préalablement validés par le Conseil des oulémas.

Le projet de loi sur le Takaful est né d’un constat selon lequel il existe au Maroc une population sensible aux aspects liés à la religion. «Nous nous sommes dit qu’il valait mieux faire une offre dédiée à cette population qu’on n'avait pas encore pu atteindre avec l’assurance classique», indique M. El Alami. Pour l’instant il n’y a aucune étude précise concernant l’ouverture des Marocains à l’assurance halal, mais celle faite sur la finance islamique laisse présager une potentielle adhésion de la population. La plus récente fraichement réalisée par l’agence Reuters, l’Institut islamique de recherche et de formation rattaché à la Banque islamique de développement (BID) et le cabinet conseil Zawya, parle de 98% des Marocains intéressés par les produits bancaires islamiques.

Le prix, décisif pour l'essor du Takaful

En revanche, les produits proposés par les compagnies d’assurance Takaful devront marquer la différence par le prix. Car si les produits classiques sont moins coûteux, le scénario d’échec d’il y a quelques années avec la première expérience bancaire des sukuks pourrait se répéter. D’ailleurs, avec les avancées liées à la législation de la finance islamique au Maroc, une récente étude de Standard and Poor’s mettait encore l’accent sur le facteur prix des produits financiers halal, lesquels seraient décisif pour l’essor de ce marché.

Après la validation par le Secrétariat général du gouvernement, le projet de loi sur l’assurance takaful devrait être discuté au Conseil du gouvernement. Si cela a lieu dans un mois, au ministère des Finances, on s’attend à ce que le vote au Parlement tombe d’ici le début de l’automne.