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Grand Angle

Le pouvoir d’ici et les Marocains d’ailleurs ?

Alors que l’éternel débat de la représentativité politique des «beurs» à l’étranger est toujours d’actualité, dopée par la tenue de l’élection présidentielle en France, au mois d’avril 2007, n’est-il pas pertinent et judicieux de mettre en perspective ce qui se fait au « bled», quant à l’éventuelle participation des Marocains du monde à la vie politique.
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Il n’est pas question de revenir sur les aléas de la double annonce officielle (5 novembre 2005 et 5 novembre 2006, lors des discours pour célébrer la marche verte) mais d’adopter une démarche analytique sur ces Hommes de pouvoir qui décident pour 33 millions de personnes, dont plus de 3 millions qui résident à l’étranger (soit 10% de la population).

Comme chacun sait, le centre de décisions est domicilié à Rabat. Non pas au Parlement, qui n’est ni plus ni moins qu’une Chambre d’enregistrement, mais bien au Palais, où des hommes dévoués travaillent d’arrache-pied pour permettre au Maroc de prospérer. Chacun a le droit de se montrer critique sur la gestion politique, économique, sociale et culturelle, il n’en reste pas moins que c’est «le bras armé» et la plateforme de réflexions et d’actions du Royaume. De facto, qu’en est-il de la présence de marocains venus d’ailleurs au sein du cercle réduit proche des « vrais» décideurs et dont le dénominateur commun est d’être citoyen du monde. En clair, des binationaux, nés de l’autre côté de la rive, formés dans des environnements où par exemple, liberté rime avec réalité où engagement rime avec conviction.

La réponse, et vous l’aurez facilement deviné, est un zéro pointé. Il est vrai que la représentativité politique au sein des deux Chambres (celle des Représentants et des Conseillers) n’est pas forcément gérable. En effet, comment des parlementaires (installés à l’étranger) pourront défendre avec force les intérêts nationaux, régionaux et locaux du Maroc ? Cela paraît bien difficile, mais, tout est forcément possible dans un pays en pleine mutation et construction.

Cependant, c’est un autre…débat. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est centré sur l’inexistence de citoyens à part entière, candidats naturels, aux fonctions et aux responsabilités au plus haut sommet de l’Etat. Il ne s’agit pas de réclamer un dû, ou que sais-je encore, mais d’analyser une réalité qui n’est pas une fatalité. A-t-on sciemment souhaité cette situation ? Si ce n’est pas le cas, une réflexion (qui serait déjà une première ébauche) est-elle en cours ? Dans un passé récent, cette éventualité n’était même pas sujette à débat, et encore moins à discussions, car on craignait «de faire pénétrer le loup dans la bergerie». Vous m’aurez compris, l’ancien monarque et sa garde rapprochée (dont un certain Driss Basri) se montraient extrêmement réfractaires à «l’intégration» de jeunes, ou moins jeunes d’ailleurs, citoyens jouissant d’une double nationalité, d’une double culture et donc d’une double… menace.

Aujourd’hui, force est de constater que le Maroc bouge, que la société est en gestation (production de repères), que l’économie est en effervescence (même si la redistribution des richesses est malheureusement aux abonnés absents), l’appropriation du pouvoir reste aux mains des mêmes. Fassi, 3roubi,… là n’est pas la question, il n’est pas non plus question d’alimenter un racisme ethnique et social déjà très élevé, mais de poser avec pertinence la question de la représentativité des «beurs» au sein du sérail.

Comme le dit l’expression, «l’exemple vient d’en haut», alors nous dirons que le décor est planté ! Dans une société où le mode de pensée unique est roi, où la différence sous toutes ses formes (origine sociale, culturelle,…) fait office de figure d’épouvantail, au point de susciter un rejet en bloc de la part des autochtones, il apparaît que seul le Chef de l’Etat est en mesure d’envoyer un signal fort, par l’exemple.

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