Le royaume continuera de siéger dans le Conseil d’administration au moins jusqu’en 2015. Et pourtant nos voisins maghrébins ont dépêché, dans la ville ocre, et le conseiller personnel du président Moncef Marzouki et le ministre des Finances. Les deux avaient un seul objectif : mener une forte campagne de lobbying auprès des délégations africaines afin de les convaincre de voter pour le candidat tunisien.
L’issue de cette petite bataille a tourné en faveur du Maroc. C’était prévisible. Rabat, pays hôte de cette réunion, en l’absence du roi Mohammed VI, comptait sur les solides réseaux d’Omar Kabbaj sur tout le continent africain, qu'il a tissés pendant les dix années de sa présidence de la BAD de 1995 à 2005. Un atout qui lui a balisé le terrain pour être promu en 2006 au poste de conseiller du roi.
Double échec tunisien à la réunion de la BAD
Le gouvernement tunisien voulait à tout prix un siège au CA afin de compenser le retour de la BAD à Abidjan. Une décision, prise le jeudi lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de la banque, et qui met fin à 10 années de présence de l’institution financière sur le territoire tunisien. Pour mémoire, c’est en 2003, un an après le déclenchement de la guerre civile en Côte d’Ivoire que la BAD a élu, temporairement, domicile à Tunis.
Sur les ondes d'une radio locale, le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, promettait de tout faire pour convaincre la direction de la BAD de laisser, au moins, une représentation régionale de la banque à Tunis. La suite des événements plaidera en sa défaveur. Le processus du retour des 1800 fonctionnaires de la BAD à Abidjan se fera graduellement et devrait se terminer en novembre 2014.
L’agence Moody’s baisse pour la seconde fois la note de la Tunisie en 3 mois
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, l’agence de notation Moody’s a annoncé dans la soirée du mercredi 29 mai, avoir dégradé la note de la Tunisie et de sa banque centrale de Ba1 à Ba2. Un autre coup dur pour le gouvernement islamiste d’Ennahda, sachant que Moody’s avait déjà baissé, le 28 février, d’un cran la note du voisin maghrébin. Trois facteurs participent à cette régression : «l'incertitude politique persistante de la Tunisie et le risque d'instabilité; la fragilité des banques sous-capitalisées appartenant à l'État et les pressions externes importantes sur la balance des paiements et les finances publiques de la Tunisie» explique Moody’s. Cette semaine aura été des plus difficile pour l'Etat tunisien.