Le ministère de la Justice espagnol devra verser la somme de 650 000 euros, soit plus de 7,2 millions de dirhams, à un ressortissant marocain condamné et emprisonné à tort dans la péninsule ibérique. E.K.E.Z. a, en effet, passé huit ans et 11 mois de sa vie derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis, rapporte ce mardi 23 avril, l’agence de presse espagnole Europa Press. Sa condamnation à 13 ans de prison, en août 2001, avait été décidée sur la base du faux témoignage d’une femme l’ayant accusé de viol.
E.K.E.Z., âgé de 30 ans à l’époque des faits et père de cinq enfants qu’il ne pouvait plus approcher, a tenté à maintes reprises de faire valoir son innocence. Ses multiples grèves de la faim, initiées pour attirer l’attention des autorités espagnoles sur son cas, n’ont pas servi à grand chose. Ce n’est que cinq ans après sa condamnation que la fausse victime, une certaine Fatima M., décide de passer aux aveux. C’est ainsi, que le 3 mai 2006, celle-ci se rend au commissariat de police d’El Ejido, commune située à proximité d’Almeria, dans le sud-est de l’Espagne, pour se rétracter, assurant aux policiers avoir agi sous la contrainte.
En mars 2010, soit 9 ans après son incarcération, le Tribunal suprême prononce l’annulation de sa condamnation et décide d’ouvrir une procédure pénale contre Fatima M, estimant que cette dernière était parfaitement consciente du faux témoignage présenté à l’époque et des conséquences qu’il pouvait avoir sur la victime.
Justice rendue ?
Dans son jugement, auquel Europa Press a eu accès, l’Audience nationale espagnole souligne que le ministère de la Justice avait bel et bien reconnu l’existence d’«une erreur judiciaire». Le tribunal estime également que la somme accordée à E.K.E.Z. en guise de «préjudices personnel, matériel, physique et psychique» notamment, était «raisonnable».
E.K.E.Z., qui a toujours clamé son innocence, devra à présent tenter de retrouver une vie normale auprès des siens. Selon son avocat, cité par la même source, l’homme est actuellement sous traitement psychiatrique, pour remédier aux «séquelles» de sa détention en prison pour un crime qu’il n’a pas commis. La fausse victime, quant à elle, a été condamnée à trois ans de prison pour avoir présenté un faux témoignage à la justice.