C’est avec un large sourire sur les lèvres que Nordine Saidi, porte-parole belgo-marocain du mouvement Egalité, militant contre l’injustice et les inégalités sociales, est sorti de l’audience de ce lundi matin. Pour cause, il vient de gagner son procès contre un inspecteur de police raciste. Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné l'inspecteur de police, M. Condijts, à huit mois de prison avec sursis pendant 4 ans, pour violences racistes.
Pour la petite histoire, Nordine avait été arrêté en 2009 pour sa participation à une action BDS «Boycott Israël», raconte-t-on sur le site internet du mouvement Egalité. En présence de plusieurs policiers, M. Condijts lui dira : «Bougnoule, si ça ne te plaît pas ici, retourne dans ton propre pays. Attache une ceinture autour de ton ventre et va te faire exploser dans ton pays à toi». Comme si cela ne suffisait pas, ce dernier ajoutera d’autres injures grossières et racistes : «Tu as appris ton texte par cœur en te branlant le soir», «Vous, les Arabes, avez une bite à la place du cerveau». Après l’avoir dépouillé de sa veste et ses chaussures, M. Condijts le mettra en cellule en lui disant : «Pour la prière, c’est là», indiquant de la main la direction des toilettes.
Quelques temps après, Nordine dépose une plainte pour «racisme et violences policières». Et c’est à ce moment que la bataille commence. Le policier a tout nié en bloc, jusqu'à la dernière minute. Traitant Nordine de menteur, il se défendait de ce que l’arrestation s’était faite selon les règles et s'estimait victime de diffamation de la part de certains de ses collègues, dont il ne comprenait pas les motivations. En effet, un de ses collègues avait témoigné contre lui en 2010, affirmant que les faits qui lui étaient reprochés sont exacts. C’est sur cette base que le tribunal l’a condamné.
Un signal fort
Avant de se prononcer à l’audience ce lundi matin, le juge a insisté sur le fait que M. Condijts n’en n'est pas à sa première infraction, et qu’il a témoigné de manière répétée d’une attitude raciste. De plus, le juge a souligné que le policier est celui qui doit donner l’exemple. Or M. Condijts a fait preuve de violence. Ce qui est déjà grave. Mais comme si cela ne suffisait pas, il a tenu des propos racistes envers un citoyen.
Dans communiqué rendu public de lundi, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme qui s’était constitué partie civile dans cette affaire, s’est réjoui de son issue. «Par cette condamnation, le tribunal a envoyé un signal important», a déclaré Edouard Delruelle, directeur francophone du Centre. En effet, les actes de violence et de racisme envers les immigrés, généralement arabes, sont très récurrents. D’après M. Delruelle cela est «inacceptable, surtout de la police qui doit servir d’exemple dans notre société».
Et les autres ?
Si Nordine a pu obtenir gain de cause, plusieurs autres Belgo-marocains souffrent en silence, après avoir été chiffonné, tabassé et insulté par des éléments de la police. L’un des cas les plus tristes est celui de Moad, un jeune Belgo-marocain, de 14 ans, victime d’une agression présumée en janvier dernier. L’enquête préliminaire n’avait rien donné. En attendant les conclusions du Parquet ou de la police des polices, le jeune adolescent continue de subir les menaces des policiers qui l’ont agressé et ces derniers, poursuivent leurs fonctions en toute impunité. Jusqu'à quand?