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Grand Angle

Emploi au Maroc : une nouvelle stratégie pour créer les 1 million d’emplois promis d’ici 2026 ?

L'emploi, principal pilier du programme électoral du RNI en 2021, pourrait être le principal boulet pour les prochaines législatives en 2026. Conscient du retard entre les promesses (1 million d'emplois en 5 ans) et la réalité (perte d'environ 100 000 emplois nets en 3 ans), le gouvernement Akhannouch annonce une nouvelle stratégie dotée d'un budget de 14 milliards de dirhams en 2025. Décryptage.

Publié
Younes Sekkouri et Aziz Akhannouch / Archive - DR
Temps de lecture: 3'

Face à une situation préoccupante sur le front de l'emploi, le gouvernement Akhannouch a dévoilé une nouvelle stratégie censée répondre aux insuffisances constatées ces dernières années. Lors d'une réunion consacrée à la promotion de l'emploi, présidée mardi à Rabat par le Chef du gouvernement, les ministres Younes Sekkouri (PAM) et Nadia Fettah (RNI) ont détaillé des mesures ambitieuses pour inverser une tendance marquée par des résultats décevants en 2022 et 2023.

Des chiffres alarmants

Le marché de l'emploi au Maroc peine en effet à s'inscrire dans une dynamique vertueuse. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), une perte bet de 24 000 emplois a été enregistrée en 2022. Plus grave encore, en 2023, l'économie marocaine a enregistré une perte nette de 157 000 emplois. Cette baisse est principalement due à une diminution de 198 000 postes en milieu rural, compensée en partie par une création de 41 000 emplois en milieu urbain. Si les chiffres pour 2024 devraient être meilleurs (75 000 emplois nets créés sur les 9 premiers mois), les comptes ne sont toujours pas bons. Les statistiques sont bien en deçà des attentes pour un pays où le chômage atteint 13,6 % à l'échelle nationale et près de 40 % chez les jeunes (15-24 ans)

Le bilan à mi-mandat du gouvernement Akhannouch confirme ainsi l'écart béant entre les promesses électorales du RNI en 2021 et les résultats obtenus. Un des piliers de leur programme, la création d'emplois reposait sur quatre promesses : créer un million d'emplois nets en cinq ans, réformer et moderniser le marché de l'emploi, stimuler l'emploi dans les zones rurales, encourager l'entrepreneuriat et l'innovation.

Une stratégie pour relancer l'emploi

Conscient de ces lacunes, le gouvernement affirme vouloir passer à «la vitesse supérieure». Le ministre de l'Emploi, Younes Sekkouri, a présenté plusieurs initiatives dans cette optique :

• Programmes ciblés pour la formation par apprentissage et l'accompagnement des personnes sans diplômes, en partenariat avec l'ANAPEC.

• Soutien accru aux zones rurales, via des formations adaptées aux spécificités locales, réalisées dans le cadre de petites et moyennes entreprises.

• Simplification des démarches administratives pour favoriser l'accès aux opportunités, notamment pour les TPE et PME, identifiées comme moteurs de création d'emploi.

La ministre de l'Économie, Nadia Fettah, a pour sa part annoncé une enveloppe budgétaire de 14 milliards de dirhams dédiée à cette stratégie pour 2025. «Une stratégie claire sera dévoilée dans les prochains jours et mise en œuvre sur le terrain», a-t-elle affirmé, précisant qu’il s’agit «d’une stratégie opérationnelle pour traiter le dossier de l’emploi à court terme (jusqu’en 2026, soit l'année des prochaines élections législatives, ndlr), ainsi que d’un programme complémentaire à moyen et long termes visant à créer des opportunités d’emploi durables».

Si ces annonces marquent une volonté de remédier aux failles constatées, elles ne dissipent pas pour autant les interrogations. Les précédents engagements, comme ceux relatifs à la nouvelle Charte de l'Investissement ou aux plans sectoriels, n'ont pas produit l'impact escompté en termes d'emplois.

En outre, les défis structurels demeurent : inadéquation entre les compétences des jeunes diplômés et les besoins des entreprises, précarité de l'emploi rural aggravée par les années de sécheresse, et insuffisante attractivité des secteurs clés comme le tourisme ou l'agroalimentaire.

L'enjeu politique de cette stratégie n'est plus vraiment de répondre aux promesses électorales de 2021. Créer 500 000 emplois nets en 2025 et garder cette dynamique en 2026 relèverait du miracle. Si les créations d'emplois accélèrent sensiblement pour atteindre ne serait-ce que le rythme annuel promis (200 000/an), cela pourrait permettre aux partis de la majorité gouvernementale (RNI et PAM en tête) de relativiser leur échec... pour ensuite faire de nouvelles promesses électorales.

Article modifié le 10/12/2024 à 23h51

AL MASSIRA
Date : le 12 décembre 2024 à 08h31
Ce que tu dis ici est une réalité que nous avons toujours vécue. ça porte un nom, le sous-développement. Presque tous les pays arabes et un grand nombre de pays dans le monde vivent cette réalité. Tous les éléments que tu cites sont entrepris pour sortir de cette situation car, en plus, nous on n'a pas de grandes ressources naturelles qui peuvent cacher ou atténuer. L'industrialisation a montré qu'ailleurs des pays qui étaient en dessous de nous, ont réussi à entrer dans le club des pays développés. Par exemple les étudiants diplômés, si notre système marche c'est plus un atout car ils permettent de produire dans des secteurs à haute valeur ajoutée. Peut-être bien que nous avons pris le bon chemin et que les débuts, ceux des fondations, prennent du temps. Mais honnêtement on aimerait bien voir nos concitoyens dans un meilleur cadre de vie et qui ne veulent plus émigrer, et rester auprès des leurs.
Citation
Wajda80 à écrit:
Je dirais plusieurs choses: 1. Cela voudrait dire que sans la politique d'industrialisation, cela serait encore bien pire. 2. La natalite reste forte, et le nombre d'etudiants fraichement diplomes arrivant chaque annee sur le marche du travail reste eleve. Cela expliquerait aussi la non-baisse du chomage. 3. La secheresse a surement ralenti ou meme fait baisser la croissance economique au global et dans plusieurs regions rurales. Nous restons un pays agricole, et le tourisme ne peut pas tout absorber. Il faut aussi bien se rendre compte que derriere l'image Morrocco avec nos belles infrastructures (TGV, stade, Casa Financial district, etc.), il y a le vrai Maroc qui reste a la traine. Que ce soit dans l'education, l'industrie ou encore le chomage. Ca s'ameliorera inchallah, mais tout ne peut pas etre regle en quelques anneees.
Wajda80
Date : le 12 décembre 2024 à 06h35
Je dirais plusieurs choses: 1. Cela voudrait dire que sans la politique d'industrialisation, cela serait encore bien pire. 2. La natalite reste forte, et le nombre d'etudiants fraichement diplomes arrivant chaque annee sur le marche du travail reste eleve. Cela expliquerait aussi la non-baisse du chomage. 3. La secheresse a surement ralenti ou meme fait baisser la croissance economique au global et dans plusieurs regions rurales. Nous restons un pays agricole, et le tourisme ne peut pas tout absorber. Il faut aussi bien se rendre compte que derriere l'image Morrocco avec nos belles infrastructures (TGV, stade, Casa Financial district, etc.), il y a le vrai Maroc qui reste a la traine. Que ce soit dans l'education, l'industrie ou encore le chomage. Ca s'ameliorera inchallah, mais tout ne peut pas etre regle en quelques anneees.
Citation
"AL MASSIRA" à écrit:
Ces données sur l'emploi restent un mystère. Depuis maintenant une dizaine d'année presque, on s'est engagé dans une politique d'industrialisation qui a plutôt bien réussi. Il n'y a qu'à voir la production et l'export. Pourtant, la croissance est encore mauvaise, à la limite du zéro et peut-être la récession. Et c'est là que s'expliquent ces chiffres du chômage. Dans les pays qui ont émergé économiquement la croissance était entre 6 et 10% sur une dizaines d'années. On nous dit que c'est la sécheresse et l'emploi en milieu rural. C'est un mystère. La politique d'industrialisation devrait réduire la part de l'agriculture et augmenter celle de l'industrie et des services. Faut-il laisser du temps au temps ? A mon avis non. Il y a un problème. Il faut que l'industrialisation qui est réelle fasse changer les données économiques, sinon c'est le modèle qu'il faut changer. Aux économistes de bosser.
AL MASSIRA
Date : le 11 décembre 2024 à 13h02
Ces données sur l'emploi restent un mystère. Depuis maintenant une dizaine d'année presque, on s'est engagé dans une politique d'industrialisation qui a plutôt bien réussi. Il n'y a qu'à voir la production et l'export. Pourtant, la croissance est encore mauvaise, à la limite du zéro et peut-être la récession. Et c'est là que s'expliquent ces chiffres du chômage. Dans les pays qui ont émergé économiquement la croissance était entre 6 et 10% sur une dizaines d'années. On nous dit que c'est la sécheresse et l'emploi en milieu rural. C'est un mystère. La politique d'industrialisation devrait réduire la part de l'agriculture et augmenter celle de l'industrie et des services. Faut-il laisser du temps au temps ? A mon avis non. Il y a un problème. Il faut que l'industrialisation qui est réelle fasse changer les données économiques, sinon c'est le modèle qu'il faut changer. Aux économistes de bosser.
Berkshire
Date : le 11 décembre 2024 à 12h18
Comme indiqué dans l’article, ça relève du miracle …. Mais bon, reconnaitre qu’on n’a pas réussi ses promesses est déjà un comportement positif car jusqu’ici c’était soit silence radio soit c’était la faute de la sècheresse, de la chaleur, du froid, du séisme etc … A noter que les chiffres du chômage au Maroc ne devraient pas être comparés tels quels avec les chiffres d’autres pays (de l’UE par exemple), le mode de comptage et les inclusions/exclusions n’ont rien à voir.
Wajda80
Date : le 11 décembre 2024 à 11h53
Les promesses n'engagent que ceux qui les croient.
Dernière modification le 12/12/2024 08:31
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