Il y a du nouveau concernant l’affaire de la viande de cheval, retrouvée il y a quelques jours dans les lasagnes précuisinées de Findus et qui alimente depuis quelques jours les débats en France et dans une bonne partie de l’Europe. Selon le quotidien britannique The Guardian, le chef d’orchestre du «Horsegate» serait, en effet, un homme d’affaires néerlandais dénommé Jan Fasen. Ce dernier, dirigeant de la société Draap Trading Limited basée à Limassol, à Chypre, aurait acheté plusieurs tonnes de viande chevaline à des abattoirs en Roumanie avant de les revendre aux deux entreprises françaises Spanghero et Comigel, impliquées, pour leur part, dans la fabrication des plats cuisinés commercialisés par Findus. Mais ce n’est pas tout. Il s’avère que Jan Fasen a un casier.
Il y a à peine un an, le 18 janvier 2012, l’homme avait été condamné aux Pays-Bas à un an de prison, dont neuf mois ferme, pour avoir vendu à plusieurs sociétés européennes dont deux françaises, de la viande de cheval provenant du Brésil et du Mexique, présentée comme du bœuf halal, indique le quotidien britannique, citant la chaîne de télévision néerlandaise NOS. Les noms des deux sociétés françaises n’ont, toutefois, pas été révélés.
Le CFCM réclame les noms des industriels impliqués
Selon Paris Match, qui a pu consulter le texte du jugement rendu en 2012 par la justice néerlandaise, les faits avaient eu lieu entre septembre 2007 et juin 2009. Pour arriver à ses fins, Jan Fasen aurait alors falsifié «des factures, des formulaires de traçabilité et des certificats halal». À l’époque, l’affaire n’avait pas (ou pas assez) été médiatisée en France. Aujourd’hui, le Conseil français du culte musulman (CFCM) ne cache pas son désarroi face à ce nouveau scandale, qui concerne directement les consommateurs de confession musulmane.
«Le CFCM apprend avec stupeur l’information selon laquelle l’homme d’affaires néerlandais qui serait au centre du scandale de la vente de viande de cheval à la place du bœuf a été également impliqué dans la vente de fausse viande halal», explique son président Mohammed Moussaoui dans un communiqué publié ce jeudi 14 février sur son site web. «Le CFCM s’étonne et déplore que ces faits n’aient pas été portés à la connaissance des consommateurs à l’époque et demande par conséquent aux autorités compétentes de divulguer les noms des industriels qui seraient impliqués dans ce scandale», ajoute le responsable, soulignant qu’il allait entamer «dés aujourd’hui les démarches nécessaires pour que cette demande puisse aboutir rapidement».
La Commission européenne demande des tests ADN
Alors que toutes les sociétés impliquées, de près ou de loin, dans ce scandale continuent de nier les faits qui leur sont reprochés, la Commission européenne a demandé hier, mercredi, à tous les Etats membres de l’Union européenne de faire des tests ADN sur les produits présentés à base de bœuf. Côté français, les autorités ont présenté cet après-midi les premiers résultats de l’enquête administrative lancée il y a quelques jours. «L'enquête révèle une architecture commerciale complexe», a indiqué le ministre français délégué à l'Économie sociale et solidaire et à la Consommation Benoît Hamon, lors d’une conférence de presse. Selon lui, Spanghero savait bel et bien qu'il étiquetait 'bœuf' de la viande chevaline».