En fin de semaine dernière, le ministère de la Justice a publié les chiffres du nombre de mariages et de divorces au Maroc pour l’année 2011. 364 367 mariages ont été enregistrés cette année. Un chiffre en hausse de 12% par rapport à 2010.
Coup de pouce de la Moudawana
Par contre, pour ce qui est des divorces, c’est une autre histoire. 56 198 cas de divorce ont été enregistrés en 2011. Un chiffre, qui lui par contre, stagne depuis 2009. Heureusement, me direz-vous ! Mais ce chiffre stagnant, signifie-t-il que les divorces sont moins prononcés, car les femmes marocaines craignent encore ou trouvent des difficultés à divorcer ?
«Je ne pense pas qu’il soit difficile pour une femme de divorcer aujourd’hui au Maroc», répond Fouzia Assouli, Présidente de la Ligue démocrate des droits de la femme, contactée cet après-midi par Yabiladi. «Avant la Moudawana [nouveau code de la famille de 2004], la femme marocaine ne pouvait pas demander le divorce. Dans certains cas, elle devait même payer son mari pour demander le divorce. Mais avec la Moudawana, elle a acquis cette liberté grâce à une procédure judiciaire qui a été simplifiée», ajoute-t-elle. D’après elle, même si les femmes marocaines ont pris conscience de ce droit, elles ne vont pas nécessairement en abuser. «Lorsque la Moudawana venait d’être votée, beaucoup de personnes, notamment les conservateurs disaient qu’elle allait faire augmenter le nombre de divorces, mais ce n’est pas le cas.», explique-t-elle. Elle ajoute, qu’en tant que présidente d'une association pour les droits de la femme, elle ne souhaite pas voir les chiffres de divorce augmenter mais qu’il y ait plutôt l'instauration d'une stabilité et d'un équilibre au sein du couple qui puissent respecter l’intérêt des deux époux. D’une certaine manière, la Moudawana a pu apporter cette prise de conscience chez le couple. L'homme est ainsi conscient du droit de sa femme et cette dernière sait qu'elle peut divorcer lorsqu'elle sent que plus rien ne va dans son couple.
Moins de cas de divorce en réalité ?
Du côté de Maître El Khorassani, avocat spécialiste des divorces à Casablanca, lui remet en doute le chiffre de 56 000 cas de divorce. «Je pense qu’il y a moins de divorces prononcés par an au Maroc, entre 40 000 à 50 000», estime-t-il. Il explique que le ministère de la Justice considère comme cas de divorce, chaque dossier atterissant sur le bureau d’un juge. Néanmoins, Maître El Khorassani raconte des cas dans lesquels de nombreux couples décident de se remettre ensemble à la dernière minute, même après avoir entamé une demande de divorce et payer les honoraires de l'avocat, une réconciliation pour différentes raisons. Elles peuvent être par exemple familiales, lorsque des membres des deux familles interviennent pour tenter de les réconcilier, ou lorsque des accords ont été trouvés en interne au sein même du couple. Et dès qu’un couple décide d'annuler sa procédure de divorce, celle-ci ne remonte pas, au niveau du ministère de la Justice. Elle reste toujours comptabilisée comme un cas de divorce.
Enfin, aujourd’hui les coûts de divorce varient et dépendent surtout des revenus du couple. Maître El Khorassani, qui suit en majorité des cas de divorce chez les MRE, explique que pour eux, un divorce peut leur couter 5000-6000 euros. Au Maroc, habituellement, la procédure y compris les honoraires des avocats tourne en moyenne à 6000 dirhams voire plus. Pour les gens qui ont aucun revenu, certains avocats acceptent de ne pas se faire payer.