Ses auteurs ne s’attendaient certainement pas à un tel impact. Une vidéo, dans laquelle quatre enfants des rues de Casablanca sont interrogés sur leurs conditions de vie, crée le buzz sur la toile marocaine. Postée sur le site de partage de vidéos Youtube, le 30 novembre, le reportage réalisé pour le site d’actualité arabophone Kifache.com, édité par Medradio, a été vu plus de 500 000 fois en l’espace de cinq jours. La raison est simple : le franc-parler de ces jeunes garçons qui décrivent les difficiles conditions dans lesquelles ils vivent.
Les quatre protagonistes se font appeler Hikka, Lâaskri (le militaire), Bachko (l’enfant est issu du quartier du même nom) et Rachid El Jenn (le djinn). Ce dernier est celui qui a suscité le plus de réactions sur le web. Pour lui rendre hommage, des internautes ont même créé des pages sur Facebook dont une qui a réuni près de 1000 likes. Un rappeur marocain du nom d'Omeep s’en est même inspiré pour en faire une chanson.
«Nous aussi, on veut un avenir»
Interrogés sur leurs opinions sur la politique du pays, ces adolescents répondent qu’ils veulent juste travailler pour construire leur propre avenir. «Nous aussi on veut bâtir notre propre avenir, faire des enfants, grandir, vivre notre vie. Nous sommes pareils que les autres. On voit les gens passer avec leurs enfants qui sont scolarisés... et nous, nous passons notre temps à consommer des drogues», déplore El Jenn. «Donnez nous un avenir. Pourquoi on n’y a pas droit. Sommes-nous des chemkara (ndlr : des voyous) ? Pourquoi ?», s’interroge l’enfant qui ne peut retenir ses larmes.
«Est-ce qu’on devrait passer notre vie à dormir sur des cartons dans la rue ? On veut une solution. On nous frappe, on nous insulte dans la rue… c’est trop ! Pourquoi tout ça ? On veut une solution», ajoute le garçon. «On ne veut plus qu’on nous place dans des associations où les gens nous maltraitent et abusent de nous la nuit», pleure El Jenn.
Quand le reporter leur demandent s’ils connaissent Abdelilah Benkirane, les quatre jeunes affirment que oui. «Que dieu nous le garde», s’exclame Lâaskri. Bachko, lui, est convaincu que Benkirane est «le ministre de la police ou le chef de la police».
L’affaire atterrit au parlement
Au-delà du web, où la vidéo continue de susciter beaucoup de réactions, l’affaire des quatre enfants des rues a atterri, samedi 1er décembre, au parlement marocain. Lors d’une séance parlementaire retransmise en direct sur la chaine de télévision marocaine Al Oula, le député Wadii Ben Abdellah du Rassemblement national des indépendants (RNI) a invité ses collègues à visionner la vidéo en question pour qu’ils mesurent selon lui «le désespoir de la jeunesse marocaine».