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Grand Angle

Diaspo #290 : Lahcen Demlak, de Jemaâ El Fna aux Etats-Unis grâce à l’art de rue

L’art de rue et surtout l’acrobatie dans la place Jemaâ El Fna a été le ticket de Lahcen Demlak pour partir à l’aventure au Royaume-Uni, avant de prendre son envol durablement aux Etats-Unis. Après avoir exercé plusieurs métiers, il gère désormais son entreprise de nettoyage de véhicules.

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Depuis les années 1980, Lahcen Demlak s’est frayé un chemin dans l’art acrobatique en parcourant les zones reculées du Maroc, accompagné de ses cinq frères. Installé désormais à Sarasota (Floride), jamais cet homme âgé de 48 ans aujourd’hui n’aurait imaginé un jour qu’il ferait sa vie aux Etats-Unis. Avant son émigration, ce natif de Marrakech a donné des performances artistiques et théâtrales de rue, ce qui lui a valu une grande renommée.

«Au début, mon frère était le professionnel de la mise en scène de spectacles acrobatiques, puis nous avons commencé à le rejoindre un par un», a-t-il déclaré à Yabiladi. D’un village à l’autre et dans les souks hebdomadaires, la fratrie a commencé à donner ses performances à partir de 1984. «Nous avons acheté des ânes et des mulets pour cela, en plus des tentes, que nous avions l’habitude de prendre avec nous partout où nous allions, afin de créer un espace pour notre public que nous aimons», se souvient-il.

Des villages à Jemaâ El Fna et aux Etats-Unis

Dans un premier temps, les performances publiques ont été tributaires des autorisations auprès des autorités, tout en se limitant aux villages proches de Marrakech. Elle se sont étendues ensuite au reste du Maroc. «On parcourait presque tout le pays de la même manière, à dos de bêtes», nous dit Lahcen. La troupe s’élargit au-delà des frères Demlak, pour compter 26 membres.

«A cette époque, nous avons commencé à faire le tour des souks et des villages afin d’informer les gens des dates de nos spectacles. Nous avions l’habitude de trouver la foule qui nous attendait et avant le début du spectacle, nous accueilliions toujours nos spectateurs avec des termes spécifiques. Il n’y avait pas d’autre moyen de divertissement et nous incarnions une bouffée d’oxygène pour que les riverains oublient momentanément leurs préoccupations quotidiennes», nous confie encore Lahcen.

En 1988, la troupe a décidé de se limiter à présenter ses performances sur la place Jemaâ El Fna, en utilisant des singes. Les choses sont restées ainsi jusqu’en 1998. Parallèlement, Lahcen a présenté des spectacles en solo au sein d’hôtels et avec un groupe de musique Gnaoua. Par la suite, il a signé un contrat de travail, avec une foire au Royaume-Uni, pour présenter des numéros d’acrobatie. «Un de mes frères travaillait à Walt Disney et il m’a permis de décrocher mon contrat, avec d’autres amis. Nous nous sommes installés là-bas et nous présentions divers spectacles de danse folklorique, de mouvements, de chant. Nous faisions trois performances puisant dans la culture marocaine et nous affichions complets», se rappelle-t-il encore.

Deux mois ont suffi à la troupe pour faire rayonner les arts folkloriques du Maroc, avant un retour à la place Jemaâ El Fna. Mais seulement deux mois plus tard encore, la troupe a reçu une autre offre, cette fois-ci pour aller aux Etats-Unis et travailler avec Ringling Bros et Barnum & Bailey Circus. «Nous étions fiers de travailler avec cette compagnie, nous étions 13 personnes du Maroc, nous avions signé un contrat de quatre ans», se souvient fièrement Lahcen.

C’est ainsi que l’acrobate s’est installé aux Etats-Unis en 1999, mais il est rapidement revenu au Maroc pour son mariage. Après de nombreuses années, il a pu y retourner, mais tout en décidant de changer de métier définitivement. Il commence ainsi à exercer plusieurs métiers, tout en vivant avec son épouse.

Quitter les arts de rue en cultivant l’entrepreneuriat

Après avoir exercé dans le bâtiment, la teinturerie et autres, Lahcen Demlak lance son propre projet, sous forme de point de restauration mobile de spécialités marocaines. Le business n’a cependant pas été pérenne. «Après cela, j’ai travaillé pour des entreprises de lavage de voitures et tout ce qui touche à la décoration, ma dernière expérience ayant duré cinq ans», nous dit Lahcen.

Il y a deux ans, l’homme a décidé de lancer son deuxième projet dans ce domaine, après avoir accumulé 8 ans d’expérience. Contrairement à son premier, le succès a été son allié pour monter un projet de lave-autos, à travers un point mobile équipé.

«Mon véhicule est équipé de tous le nécessaire, même de l’eau. Je me déplace chez le client, je nettoie les voitures et je gagne de nouveaux clients grâce aux anciens. Il y a une grande demande, ce qui m’a poussé à embaucher deux personnes pour m’aider de temps en temps», décrit l’entrepreneur.

Fier de sa marocanité, Lahcen Demlak songe à revenir à la mère patrie pour lancer un projet dans le même domaine. Mais avant cela, il tient à ce que ses trois filles terminent leurs études. «Je n’ai pas étudié et je ne veux pas que mes filles souffrent de ce que j’ai enduré avant», nous confie-t-il, aspirant à voir ses enfants peser et occuper des postes importants. «Je ne sais ni lire ni écrire. Ce sont mes filles qui m’aident, d’autant que j’ai acquis la langue anglaise au contact des gens», nous confie-t-il.

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