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Grand Angle

Assu 2000 : Yassine B., un «dommage collatéral» ?

Dans le cadre de l’affaire Assu 2000, Yassine B. est poursuivi en état d’arrestation et est accusé par Samira A. de ne pas avoir réagi et de ne l’avoir «protégée» contre Jacques Bouthier qui l’aurait harcelé. Sa défense clame son innocence et considère qu’il n’y a aucun «élément matériel de nature à corroborer» l’accusation.

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Photo d'illustration. / DR
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La Chambre criminelle de première instance près la Cour d'appel de Tanger a tenu, cette semaine, une première audience dans le cadre de l’affaire Assu 2000, impliquant l’ex-patron de la société, Jacques Bouthier ainsi que des responsables de sa filiale marocaine. Mardi, la cour a décidé de reporter la séance au 28 mars. Dans cette affaire, 7 accusés sont poursuivis pour notamment «traite d’êtres humains», selon le rapport d’enquête consulté par Yabiladi, dans le cadre de ce procès intentée par cinq Marocaines.

Parmi les plaignantes, Samira A. accuse Yassine B., présenté comme «agent commercial de la société». Selon le rapport d’enquête, la plaignante lui reproche de ne pas réagi et de ne pas l’avoir «protégée». Elle indique lui avoir signalé des messages à caractère sexuel que lui aurait adressés Jacques Bouthier. Pour sa part, Yassine B., Français d’origine tunisienne clame son innocence, en niant avoir été saisi par la plaignante concernant ce harcèlement présumé.

Yassine B. accusé par Samira A. de ne pas l’avoir «protégée»

«C’était une audience de fixation pour voir si tout le monde a reçu sa convocation et était disponible. S'agissant d'une première audience, il y avait donc de fortes chances pour qu'elle soit renvoyée», nous confie jeudi Me Hosni Maati, avocat français de Yassine B., qui l’assiste avec son confrère Me Ahmed Tissoudal, depuis la confrontation du mois d’octobre 2022 à Tanger. «Nous rejetons en bloc les accusations contre notre client depuis le début de cette affaire», assure-t-il.

Me Hosni Maati explique que pour cette partie de l’affaire, l’accusatrice «indique, alors qu’elle travaille dans la société à Tanger depuis plus longtemps, avoir interpellé [son] client», alors que «ce dernier assure qu’il n’a reçu aucune interpellation de sa part». L’avocat rappelle qu’aux moments des faits présumés, son client «n'était plus» le chef hiérarchique de la victime. «S’il avait effectivement eu cette information, il lui était tout à fait loisible de la faire remonter. Je précise, d’ailleurs, que lorsque la question a été posée à la plaignante de savoir comment elle trouvait le comportement de mon client avec les femmes, elle avait répondu qu’il était quelqu’un de parfaitement respectueux tout en prenant soin de préciser qu’elle lui reproche désormais de ne pas l’avoir protégée», enchaîne l’avocat.

«Je ne comprends pas pourquoi mon client est poursuivi pour traite des êtres humains et pour ne pas avoir réagi, selon la plaignante, aux déclarations de celle-ci, concernant des SMS à caractère sexuel provenant de Monsieur Bouthier. A titre personnel, je ne vois pas bien en quoi mon client aurait pu participer à une traite d’être humain. D’autre part, la plaignante dit l’avoir prévenu mais il n’y a aucune trace de cela alors qu'elle dit en procédure se plaindre du comportement de Jacques Bouthier depuis 2018.»

Me Hosni Maati

«Aucun élément matériel de nature à corroborer l’accusation»

La défense de Yassine B. souligne que ce dernier «affirme que s’il avait eu l’information, il aurait naturellement réagi et rappelle l'avoir fait dans un cas semblable». «En réalité, ni le magistrat qui jugera l’affaire, ni le procureur qui fera sa réquisition ni les avocats qui plaideront, que ce soit des parties civiles ou des mis en cause, n’étaient présents au moment des faits et nous n’avons que la déclaration de madame contre celle de monsieur, comme élément du dossier», assure Me Maati pour qui «il y a plus qu'un doute qui en tout état de cause doit bénéficier à [son] client».

La défense met aussi en avant le fait que Yassine B. «était apprécié par tous ces collègues et n’est absolument pas connu pour être impliqué dans une quelconque frasque sexuelle au sein de la société Assu 2000». Une entreprise «qui, à la lecture du dossier, laisse transparaître des comportements et une vie sexuelle abondante entre un certain nombre de ses collaborateurs, la plaignante ayant elle-même été mise en cause par un client de la société avec lequel elle aurait entretenu une relation», rappelle l’avocat. Un point soulevé, par ailleurs, dans le rapport d’enquête et le rapport de confrontation entre les deux protagonistes. «Pour toutes ces raisons, l'accusation me semble donc légère. Je regrette donc la présence de mon client en prison encore aujourd’hui», estime Me Maati.

Ce dernier estime aussi qu’il y a «zéro élément matériel de nature à corroborer» l’accusation à l’encontre de son client. «Les seuls éléments sont de nature subjective et interviennent des mois après la nouvelle de "l’affaire Jacques Bouthier" en France. On y dénonce un système mais aucun mécanisme organisé de nature à mettre en cause mon client. Je rappelle que la plaignante avait la possibilité de faire un mail, d’écrire, de se faire accompagner par des proches, mais elle ne le fera qu'après que l'on ait appris le scandale de l'affaire Jacques Bouthier en France», ajoute-t-il.

Me Maati rappelle que son client «n’a jamais croisé Jacques Bouthier à Tanger, qui reste le véritable personnage central du dossier mais qui n'est encore aujourd'hui pas à disposition de la justice marocaine». «Ce dernier a quitté le Maroc au début de l’année 2020. Mon client n'est arrivé que début septembre 2020 et la plaignante se plaint de lui pour des faits qui remontent à 2018», conclut-il.

Article modifié le 10/03/2023 à 18h53

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