Les ministres du gouvernement Benkirane excellent en la publication de listes. Une tradition, jusque là PJDiste que vient de rompre l’istiqlalien, Mohamed El Ouafa. Le titulaire du département de l’Education nationale vient de lever le voile sur la liste des personnes qui occupent, illégalement, des logements de fonctions appartenant, dûment, à son ministère, des cadres retraités ou en activité, deux anciens ministres et même un haut gradé à la Sûreté. C’est une première au Maroc.
Deux anciens ministres épinglés
Dans ce contexte, il est tout à fait logique que la liste El Ouafa occupe le devant de l’actualité au Maroc. C’est une autre forme de l’économie de rente que l’équipe Benkirane a promis de combattre. Parmi les noms que le document pointe du doigt, figure deux ministres. Honneur aux dames : Latifa Laâbida, secrétaire d’Etat chargés de l’enseignement scolaire sous le gouvernement Abbas El Fassi (2007-2011), elle réside, illégalement, dans une villa en plein centre de Rabat. Actuellement, Laâbida est conseillère chez le président de la Cour des comptes, Driss Jettou.
Ce responsable n’est pas le seul poids lourd épinglé par la liste d’El Ouafa. Moualy Ismail Alaoui, ministre de l’Education sous le gouvernement de l’Alternance d’avril 1998 au 6 septembre 2000, date de son atterrissage à la tête du département de l’Agriculture et de la Pêche. Ce monsieur est une des figures de proue de la gauche marocaine des trois dernières décennies. Il était, pendant des années, de septembre 1997 à mai 2010, le secrétaire général du PPS, le parti des anciens communistes.
Et qu’en est-il de la prochaine étape ?
Dévoiler au grand public cette liste intervient après l’échec des tentatives du ministère de l’Education nationale visant à convaincre ces personnes de céder les maisons qu’elles occupent illégalement. C’est un premier coup de salve avant d’enchaîner par le suivant: prendre des mesures disciplinaires contre elles, sachant que le statut de la fonction publique accorde un délai de 15 jours aux fonctionnaires, y compris le hauts cadres, qui refuse d'exécuter des ordres avant de passer devant un conseil de discipline. La balle est dans le camp de Mohamed El Ouafa. Il ne lui reste que plus d’une semaine avant de déclencher la phase 2 de son initiative. Il a tout à gagner.
Par ailleurs, durant les derniers mois, le ministère de l’Education nationale a pu récupérer 1069 logements. Parfois, comme c’est le cas à Marrakech, la justice a dû intervenir dans ce dossier, à la suite de plaintes déposées par les académies régionales.