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Grand Angle

Tourisme - Maroc : Quand le Plan Azur perd sa couleur

Le départ d’un haut cadre de l’administration constitue-t-il un évènement ? Au regard du traitement médiatique accordé au départ de Abbas Azzouzi, directeur général de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), il faut croire que oui. Il est vrai que dans ce cas précis, on n’assiste pas à un règlement de compte…cruel, mais au départ d’un décideur pour des raisons que l’on pourrait qualifié «d’incompatibilité d’humeur» avec sa hiérarchie.
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Cependant, un élément central doit être pris en considération pour la lecture de ce départ. Il coïncide avec les difficultés rencontrées dans la mise en place de la vision nationale en matière de tourisme et intitulée : Plan Azur. Sur ce volet, la responsabilité du gouvernement (précédent) Jettou est pleinement engagée.

Celle-ci s’est fixée, entre autres, comme objectif la construction de six stations balnéaires (Saïdia, Essaouira, Lixus à Larache, Agadir, El Jadida…) et la réception de 10 millions de touristes (y compris les MRE) à l’horizon 2010.

Force est de reconnaître que ce vaste chantier accuse un retard considérable. Aucune station ne pourra être livré en temps et en heure. De quoi faire «sauter» plus d’un promoteur du projet ! Pis, le paysage touristique s’est modifié au point où le produit Maroc n’est plus à la mode et Marrakech, capitale du tourisme national, connaît une influence moindre.

Ici et là, on s’égosille à affirmer que le nombre d’arrivées n’a pas connu de baisse, mais que c’est le nombre de nuitées qui fait défaut. Que la montée en charge du tourisme résidentiel est la principale «cause» de la baisse de la fréquentation hôtelière avec le chiffre de 20 000 lits annoncés. Que…

Une approche rationnelle devrait conduire les artisans de la vision 2010 à reconnaître l’échec de cette politique publique (85 000 lits devaient être livrés en 2010. Certes, ils ne sont pas responsables du comportement féodal de la majorité des professionnels du secteur, leurs incapacités à vivre avec leur temps (les réservations par Internet se multiplient sans pour autant que les professionnels possèdent un site web performant) ou encore un management d’une autre époque. Ajoutons y la problématique structurelle de la formation. Néanmoins, ils s’étaient Tous engagés à relever le défi devant un parterre d’investisseurs nationaux et (surtout) internationaux.

Azzouzi aura-t-il été le fusible du gouvernement El Fassi ? Difficile d’adhérer à cette hypothèse. Paie-t-il sa proximité avec l’ancien ministre du Tourisme, Adil Douiri (également responsable du naufrage)? C’est déjà plus réaliste. Sa mise à l’écart répond-elle à l’échec de la vision 2010 ? Pas totalement. Son départ précipité est-il lié à sa relation sulfureuse avec Mohamed Boussaid, actuel ministre du Tourisme (étrangement absent de la scène nationale ?!). C’est une certitude.

De facto, que retenir de cette situation ? Simplement que le Maroc doit réagir. Pilier de l’économie nationale, le secteur du tourisme traverse une période délicate. Pragmatisme, rigueur et compétences sont nécessaires pour que le navire retrouve le cap. Les conditions sont-elles réunies pour rebondir. Pas si sûr.

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