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Grand Angle

Grogne des pêcheurs de sardines contre leur Ministère

Mouvement de grève des pêcheurs de sardines. Ils dénoncent les récentes autorisations délivrées par le ministère des Pêches Maritimes aux industriels de la conserve de poisson. Les opérateurs en ont «gros sur la patate» et promettent de ne pas…céder. Ambiance.
Publié
«Cette décision est à la fois inadmissible, incohérente et particulièrement irresponsable», déclare un opérateur du secteur de la pêche, basé à Agadir. Celui-ci fait référence à la décision prise, il y a quelques jours par le ministère des Pêches Maritimes, de délivrer des autorisations d’affrètement aux industriels de la conserve de poisson pour l’approvisionnement de leurs unités. Selon des opérateurs, «une telle démarche est un véritable danger pour la ressource». Sur le plan économique, les grévistes précisent que «les revendications des industriels ne reposent sur aucun fondement.C’est une catégorie professionnelle qui a toujours crié haut et fort l’évolution régulière de ses performances et qui ne souffre d’aucune crise économique».

Pour mieux s’imprégner de «l’historique» de ce secteur, il faut savoir que de 66 000 tonnes de matière première traitée en 1993, le volume est passée successivement à 83 000 tonnes en 1995, 230 000 tonnes en 2002, pour atteindre plus de 400 000 tonnes aujourd’hui, «en plus de l’approvisionnement informel assuré par certains mareyeurs», indiquent un gréviste. Quant aux exportations, de 48 000 tonnes en 1996, elles atteignent actuellement 120 000 tonnes. «Le fait de dramatiser la situation de l’industrie de la conserve ne doit en aucun cas cacher la vérité, celle que le secteur de la pêche est en crise. En effet, la flotte industrielle nationale, cantonnée à intervenir au niveau des stocks A et B, est interdite d’accès au stock pélagique C alors que les bateaux de toutes nationalités y ont accès» poursuit le gréviste.

Comment les industriels de la conserve de poisson augmenteront leurs rapports sans mettre en danger les stocks déclarés surexploités (de 20 à 30%) par l’Institut Nationale de la Ressource Halieutique (INRH) ? C’est une des interrogations posées par les opérateurs du secteur de la pêche au ministère de tutelle. En outre, sur le volet social, les grévistes tirent la sonnette d’alarme. «La volonté d’anéantir la pêche côtière par la politique des affrètements aura pour effet de mettre 25 000 marins au chômage», disent-ils.

Autant dire que les armateurs sont en colère ! «Il est totalement injuste que nous soyons privés d’exercer dans certaines eaux contrairement à des personnes étrangères à la profession. Nous sommes prêts à affréter des bateaux adaptés aux infrastructures portuaires et à l’état de nos ressources. Ceci, dans le cadre d’un cahier des charges strict, à même d’assurer la transparence et la maximisation des intérêts nationaux en termes de retombées économiques et sociales», dixit des armateurs.

La profession sera-t-elle entendue ? Pour l’heure, festivités royales obligent avec le 8ème anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI, ce week-end à Tetouan, les grévistes ont décidé de lever le pied, «pour repartir encore plus fort, dès mardi prochain» annoncent-ils.

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