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Grand Angle

L’Espagne rendra-t-elle ses îles au Maroc ?

Alors que les petites îles au large des côtes marocaines, en Méditerranée, continuent à poser problème à l'Espagne, un éditorialiste espagnol propose de les rendre au Maroc. La probabilité est mince : l'Espagne ne veut pas risquer d'inciter le Maroc à revendiquer plus fortement Sebta et Melilia.

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Temps de lecture: 3'

L’immigration irrégulière mettra-t-elle un terme involontaire aux conflits territoriaux entre le Maroc et l’Espagne sur les petites îles de Méditerranée, au large des côtes marocaines ? La proposition est lancée par Ignacio Cembrero journaliste et éditorialiste spécialiste du Maroc pour la quotidien national espagnol El Pais : Et si l’Espagne rendait ces îles au Maroc. Il écrit «autant s’en débarrasser et les remettre au Maroc pour épargner un peu, en temps de crise économique, et surtout pour supprimer un élément de friction avec le voisin du sud qui les revendique.»

Aujourd’hui, ces îles, ont un statut très flou. Mise à part d’Al Buran (Alboran), rattachée administrativement à Almeria, ville du sud de l’Espagne, les 6 autres îles ont «un statut interne indéfini», explique le professeur Alejandro del Valle Galvez, professeur de droit international public et des relations internationales, spécialiste des relations maroco-espagnoles, dans El Pais. Ces îlots, même si certains sont occupés par des soldats espagnols, sont «totalement en dehors de l’organisation territoriale de l’Etat espagnol», explique le chercheur. Ils n’appartiennent à aucune province. En bref, elles n’ont pas de véritable existence, elles ne sont d’aucune utilité aujourd’hui pour l’Espagne et il est très coûteux de les défendre.

Des cailloux gênant

Depuis la tentative vaine du Maroc de reprendre possession, le 11 juillet 2002, de l’îlot Perejil, ces rochers ont également constitué une source régulière de tensions territoriales entre le Maroc et l’Espagne. En juin 2010, Mohamed VI avait séjourné dans son yacht au large d’Al Hoceima. Les rotations des hélicoptères espagnols, au dessus du bateau, dans l’espace aérien marocain, avaient provoqué un incident diplomatique.

Pourtant, ce n’est pour aucune de ces raisons que l’Espagne pourrait renoncer à ces petits cailloux disséminés le long de la côte marocaine, mais, peut être, selon l’hypothèse d’Ignacio Cembrero, suite au passage, du 2 au 3 septembre, sur l’îlot Sfiha, de 83 migrants irréguliers venus de pays du sud du Sahara. Ces îles forment potentiellement une porte ouverte sur l’Europe pour tous ceux qui veulent venir chercher fortune au nord.

Cependant, la proposition de l’éditorialiste n’a que peu de chance de voir le jour. Suite à ces arrivées sur l’îlot Sfiha, le Maroc a accepté de réadmettre les migrants subsahariens et l’information est passée dans la presse. De semblables réadmissions pas très légales et discrètes sont déjà assez courantes. «Selon le témoignage des migrants, une cinquantaine de personnes ont réussi à pénétrer à Melilla lors d’une tentative de passage groupé le 17 août vers 4h du matin. Mais elles ont été rapidement arrêtées par la Garde civile et remis aux forces auxiliaires marocaines sans passer par le commissariat et sans examen individuel de leur situation», rapporte le groupement antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants. En somme, le Maroc a déjà entrepris de calmer les craintes espagnoles soulevées par la découverte par les migrants des «portes» que représentent ces îlots.

puis Sebta et Melilia ?

Au contraire, si l’Espagne acceptait de rendre ces rochers au Maroc, elle créerait un précédent alors que le royaume chérifien revendique Sebta et Melilia. Un ancien chef d’Etat major de l’armée de terre espagnol résume ainsi ce qu’il craint : «si l’Espagne les abandonnait [les îlots rocheux, ndlr], le Maroc prendrait ensuite Sebta et Melilia, si nous les donnions aussi, il réclamerait les Canaries.» Un membre du gouvernement, resté anonyme, qu’El Pais interrogeait à ce sujet, a conclu : « ça ne nous est pas passé par la tête.»

En somme, ces rochers sont des cailloux dans la chaussure espagnole et une bonne affaire pour le Maroc dans le cadre des rapports de force politiques entre les deux royaumes de méditerranée. Vouloir changer la donne en rétrocédant ces îles au Maroc ne ferait, vraisemblablement, qu'incliner le rapport de force en faveur du Maroc.

ce qu'il reste à faire ....
Auteur : Saïf_DOUYAZANE
Date : le 13 septembre 2012 à 21h08
il faut que le Maroc envoie les migrants africains par milliers sur ces cailloux pour que cette idée murisse dans la tête des ex-coloniaux ...
Ah ! La vanité !
Auteur : Redchile
Date : le 13 septembre 2012 à 19h00
L'Espagne n'a jamais digéré de ne plus être une puissance coloniale. Elle n'a jamais digéré la perte de "son nord-Maroc espagnol", contre laquelle elle a commis les pires atrocités entre 1921 et 1926.

Qu'elle rende ce qui ne lui appartient pas.
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