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Grand Angle

Ukraine : Oussama, un étudiant marocain en danger empêché de passer à la Pologne

Etudiant marocain en Ukraine, Oussama Maani s’est confronté à l’impossibilité de franchir la frontière ukraino-polonaise, en raison d’une maladie neurologique qui menace sa vie. Sa famille appelle à une intervention des autorités compétentes pour le ramener chez lui.

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L'étudiant Oussama Maani / DR.
Temps de lecture: 3'

Depuis le début des frappes russes sur l’Ukraine, le 24 février, des milliers d’étudiants marocains en ont été contraints de quitter le pays attaqué. Beaucoup se sont dirigés vers les frontières avec la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie. Jusqu’à présent, près de 5 000 étudiants marocains ont réussi à sortir du pays. 320 d’entre eux sont arrivés au Maroc depuis hier soir, par le biais de vols de rapatriement opérés par la Royal air Maroc (RAM).

Alors que les déplacements d’Ukrainiens et d’étrangers vers les pays voisins se poursuivent, l’étudiant marocain de 23 ans, Oussama Maani, s’est trouvé coincé à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Après s’être fait dérober ses médicaments nécessaires à atténuer sa maladie neurologique, son état de santé ne lui permet plus de marcher à pied. Dans des déclarations à Yabiladi, sa sœur Houda s’est alamée, insistant que son frère ne peut pas parler non plus. «Il n’a pas pris ses médicaments, on entend à peine sa voix quand on l’appelle au téléphone. Son état est très critique et il a besoin de ses médicaments», s’est-elle inquiétée. 

Pris à partie par des soldats ukrainiens

Etudiant en cinquième année de pharmacie de Zaporozhye, Oussama a réservé un billet d’avion après l’escalade des menaces russes, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu.

«Il n’a pas pu obtenir son passeport, en possession de l’administration de son université, qui a demandé aux étudiants de verser les frais de scolarité restants, avant de pouvoir récupérer leurs documents. Après avoir fait le nécessaire, Oussama a pu reprendre son passeport et réserver un billet d’avion, mais il a été rattrapé par le déclenchement de l’intervention russe en Ukraine.»

Houda Maani

Après la fermeture de l’espace aérien dans le pays, Oussama n’a pas eu d’autre choix que d’entreprendre le périple vers la frontière avec la Pologne par voie terrestre, à l’image de plusieurs centaines de milliers de personnes fuyant les bombardements. Sa véritable souffrance, à laquelle il ne s’attendait pas, a commencé avec le voyage en train vers la ville de Lviv.

Sa sœur raconte qu’après être descendu du train, «il est monté dans un taxi, et dès qu’il est descendu une nouvelle fois, il a été agressé par l’armée ukrainienne». «Les militaires lui ont volé son sac dans lequel il conservait ses médicaments. Mon frère souffre d’une maladie neurologique. Ils lui ont pris même son argent, mais il a pu garder sur lui son passeport», a-t-elle raconté à Yabiladi. Dans de précédents témoignages recueillis par notre rédaction, des étudiants dans le côté frontalier ukrainien ont décrit des usages similaires de la part de membre de l’armée, notamment dans la région limitrophe avec la Roumanie.

Oussama, lui, s’est trouvé contraint de marcher le long de 40 kilomètres pour rallier la frontière avec la Pologne. «Après, il est tombé à terre et a perdu sa motricité. Au début, ses amis ont essayé de l’aider, mais ils ont dû continuer après leur chemin vers la frontière. Une ambulance est arrivée sur les lieux pour lui porter secours, car il a été incapable de respirer ou de parler», a encore confié sa sœur, attristée.

Empêché de traverser la frontière à l’aide d’une ambulance

Le jeune étudiant se trouve dans la zone frontalière depuis cinq jours, dont trois passés sous la neige, ce qui a détérioré sa santé davantage. Selon Houda, une citoyenne ukrainienne l’a emmené chez elle et s’est occupée de lui, mais il est toujours sans ses médicaments. «Les autorités ukrainiennes l’ont empêché de franchir la frontière avec la Pologne, à travers le transport de l’ambulance», a dénoncé Houda.

Selon elle, les mêmes autorités ont demandé à son frère de «faire la longue file, accompagné de ceux qui veulent faire la traversée, ce qui nécessite des heures et parfois des jours». «Il est incapable de le faire dans l’état où il est», a insisté Houda.

«Mes parents ne savent rien de ces détails. Ils sont âgés et ne supporteront pas d’apprendre que leur fils est dans un état critique. Mon frère va mourir si les autorités n’agissent pas. Il faut trouver une solution d’urgence car son cas est spécifique. Quand je l’ai appelé, il m’a dit : "je ne sais pas si je pouvais survivre". La dame qui l’a accueilli chez elle m’a dit qu’il ne pouvait même pas se nourrir.»

Houda Maani

Bien que sa famille communique avec les ambassades du Maroc en Ukraine et en Pologne, ainsi qu’avec la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, que ce soit par téléphone ou par mail, la situation reste au point mort depuis deux jours. «Nous avons reçu des promesses, mais rien n’a encore changé», a déploré Houda.

Celle-ci a confirmé que son frère, malgré son état de santé critique, «essaiera aujourd’hui de traverser la frontière en voiture avec la ressortissante ukrainienne qui l’a hébergé». «Mais on ne sait pas encore si on lui permettra de passer de l’autre côté de la frontière», s’inquiète-t-elle.

Au cours des deux derniers jours, de nombreux utilisateurs sur les réseaux sociaux ont diffusé le hashtag #sauvezoussamamaani, afin de faire parler du cas de l’étudiant et de faire entendre la voix de sa famille auprès des autorités marocaines.

Oussama Maani a pu traverser la frontière avec la Pologne

Quelques heures après la publication de son témoignage, la sœur d’Oussama Maani a confirmé à Yabiladi que son frère a pu traverser la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Le jeune étudiant ne se trouve désormais plus sur le territoire ukrainien, mais du côté polonais de la zone frontalière.

Le ministère marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a indiqué, plus tôt, être en contact avec le jeune étudiant au niveau du tampon des passeports à la frontière à Medyka (Pologne).

Article modifié le 03/03/2022 à 21h33

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