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Maroc : L’ONU esquive une question sur l’extradition d’Idris Hasan vers la Chine

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Stéphane Dujarric (à g.), porte-parole du secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à d.) / DR.
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Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, a botté en touche sur la question de l’extradition d’Idris Hasan, militant ouïghour arrêté au Maroc en juillet 2021 à la demande des autorités chinoises. Questionné mardi 11 janvier sur la situation du ressortissant, par ailleurs réfugié politique en Turquie, le responsable onusien n’a pas donné d’éléments de réponses. Lors de son point de presse, il répondait à un journaliste sur la situation de deux activistes ouïghours, l’un au Maroc et l’autre en Arabie saoudite.

«Etes-vous au courant de cette affaire et savez-vous quel sort ils recevront s’ils sont renvoyés en Chine ?», a indiqué la question. «Je vais vérifier avec le Maroc. Et quel était l’autre pays ? (…) Laissez-moi vérifier cela», s’est contenté Dujarric de répondre. Début janvier, l’ONU serait déjà intervenue pour suspendre la mesure d’extradition d’Idris Hasan, selon Dilnur Reyhan, présidente du Uyghur Institute et directrice de publication du magazine Regard sur les Ouïghour-e-s. Sur son compte Twitter, elle a indiqué que «grâce à la mobilisation des organisations et des humanistes, l’ONU a réussi à geler temporairement l’extradition», sans donner plus d’éléments sur l’action onusienne.

En décembre 2021, la Cour de cassation marocaine a autorisé la procédure d’extradition, qu’il restera du ressort du gouvernement de mettre en œuvre ou non. Pour cette raison, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a réitéré ses appels à l’exécutif pour ne pas extrader le ressortissant chinois. Le 6 janvier, l’ONG a adressé une lettre ouverte au chef du gouvernement, insistant qu’une fois dans son pays, Idris Hasan pourrait être admis dans des centres de détention pour ouïghours et subir des tortures. Consulté par Yabiladi, le courrier a été envoyé en copie au ministre de la Justice, à la Délégation interministérielle des droits de l’Homme (DIDH) et à la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), qui a déjà recommandé de ne pas extrader Idris Hasan.

Mais du côté chinois, les autorités tiennent un tout autre discours, affirmant qu’Idris Hasan «s’est radicalisé avec des idées extrémistes et terroristes au cours des années où il a passé ses études à la China University of Petroleum de Pékin». Cité par l’agence de presse espagnole EFE, l’arrêt de la Cour de cassation accuse le militant d’appartenir «à une organisation terroriste». La Chine estime en effet qu’il milite au sein du «Mouvement islamique du Turkestan oriental».

Pour sa part, le concerné affirme que s’il est remis à la Chine, il sera exécuté. Selon lui, le mandat d’arrêt émis à son encontre vise «[sa] religion musulmane et toutes les accusations portées contre [lui] sont fausses». Mais pour la juridiction, «toutes les conditions nécessaires prévues dans l’accord d’extradition entre le Maroc et la Chine sont remplies».

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