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Grand Angle

Maroc : Loin des rumeurs, les conditions du tournage du dernier Indiana Jones

Au dernier jour du tournage du cinquième volet de la saga d’Indiana Jones à Fès, l’équipe du film a été endeuillée par le décès de l’un de ses membres, dont la mort naturelle a été constatée. Le producteur marocain affirme par ailleurs que les versions relayées par les médias concernant des difficultés lors du tournage au Maroc sont dénués de tout fondement.

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Membre de l’équipe internationale qui travaille sur le tournage de la cinquième saga d’Indiana Jones, Nic Cupac a été retrouvé mort, jeudi, dans sa chambre d’hôtel à Fès. Au dernier jour du travail sur ce projet au Maroc, le staff a été endeuillé par cette mort, constatée par le médecin légiste comme étant naturelle, a appris Yabiladi auprès du staff. Le ressortissant britannique, considéré comme vétéran des plus grandes productions cinématographiques internationales, a laissé sa famille et ses coéquipiers attristés par son départ soudain.

Chargé du tournage au Maroc pour Zak Production, Zakaria Alaoui a indiqué à notre rédaction que le défunt, âgé de 54 ans, souffrait de problèmes de santé. Son asthme lui a provoqué une crise, «il n’a pas pu avoir la force d’atteindre sa bouteille d’oxygène, avec laquelle il voyage toujours et les membres de l’équipe qui se sont rendus à son hébergement l’ont découvert sans vie», a déploré le producteur, en exprimant sa compassion et ses pensées pour les proches. Dans la journée, les autorités ont été informée et «toutes les procédures ont été suivies pour le rapatriement de la dépouille au Royaume-Uni», a-t-il affirmé.

«Beaucoup d’imprécisions relayées par la presse»

A la fin du tournage des scènes prévues au Maroc, Zakaria Alaoui a, par la même occasion, exprimé son désarroi quant aux rumeurs relayées par les médias concernant le déroulement du projet au Maroc, comme au sujet du décès de son collègue. Dans ce sens, il a précisé que la couverture consacrée à la préparation du film par le tabloïd britannique The Sun est truffée d'erreurs. Selon lui, le média «n’a pas été autorisé à accéder sur le plateau, malgré ses nombreuses tentatives».

«The Sun a été spécifiquement interdit de couvrir le tournage au Maroc, donc il rapporte des versions erronées qui sont sans rapport avec la réalité du. Nous avons d’ailleurs confié à notre département de publicité de préparer un démenti sur ce qu’il a écrit et j’ai moi-même fait part de mon étonnement à notre ministre de la Culture sur les éléments véhiculés à ce sujet.»

Le temps du tournage et vu la dimension du projet nécessitant rigueur et engagement de tous les membres, l’équipe a souhaité «ne pas faire de déclarations à la presse avant la fin de ce processus». «Nous avons été en tournage à Fès durant ces trois dernières semaines. Nous avons terminé hier et nous avons travaillé dans d’excellentes conditions. L’équipe étrangère du film, composée de 450 personnes sur un total de 1 200, quitte le pays de la même manière dont elle est venue, par charter spécial, à ma propre demande auprès des autorités qui n’ont hésité à aucun moment pour nous fluidifier les process», a affirmé Zakaria Alaoui à Yabiladi, commentant l’ensemble des informations relayées depuis octobre sur «les retards liées aux autorisations de tournage».

«Tout au long de notre présence à Fès, nous n’avons pas eu une seule journée de retard. Je tiens à souligner d’ailleurs l’aide exceptionnelle dont nous avons bénéficié auprès du Wali en personne. Nous avons tourné sur la place du Mellah qui a été réservée spécialement pour nous», a-t-il encore souligné, précisant que la seule interruption de tournage remonte à la période où l’acteur principal, Harrison Ford, «devait rester en repos pendant cinq semaines sur recommandation médicale, après une blessure».

En dehors de cet imprévu, Zakaria Alaoui insiste que «tout le monde était mobilisé pour la réussite du tournage, d’autant qu’il a créé de l’emploi à grande échelle au niveau de Fès, capitale spirituelle et ville de tourisme culturel qui souffre grandement des effets de la crise sanitaire et où on n’a pas souvent l’habitude de tourner des productions internationales». Dans ce sens, il se félicite que le projet ait drainé «plus de 3 000 contrats avec différents opérateurs économiques, entre commerçants, hôteliers, transporteurs, professions touristiques, techniques et logistiques».

Un projet pour lequel le Maroc a été choisi au lieu de l’Inde

Tout au long des étapes de préparation du film au Maroc, «les autorités ont accompagné les équipes de jour comme de nuit et les portes nous ont été ouvertes, car tous on compris l’importance de ce projet lorsque la ville de Fès a bougé considérablement au cours des tournages en deux phases (scènes de cascades avec les doublures ainsi que les séquences avec l’équipe principale)», affirme encore le producteur marocain. En effet, l’intérêt unanime porté au projet «a été exprimé par l’action, même au temps des mesures sanitaires les plus strictes, liées à la Covid-19», nous a encore indiqué le cinéaste.

«Il y a cinq mois, malgré la fermeture des frontières, j’ai pu mobiliser un charter spécial, avec le soutien personnel de notre ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, à qui j’ai fourni un dossier complet sur le projet en soulignant son caractère exceptionnel – il s’agit du dernier épisode de la saga – et la promotion tout aussi exceptionnelle qu’il fera pour notre pays. Notre ministre, que je remercie chaleureusement, a bien pris en considération l’intérêt de notre travail et il nous a autorisé à ramener tous les membres du tournage sur les lieux choisis.»

Au lendemain des élections du 8 septembre dernier et après la constitution du nouveau gouvernement, Zakaria Alaoui raconte que le même intérêt a été porté par les ministères intervenant dans le domaine des productions artistiques internationales. «Dès que le nouveau ministre de la Culture, Mohamed Mehdi Bensaid a été désigné, il m’a contacté pour s’assurer si nous avons besoins de son aide», a-t-il affirmé. L’accompagnement du tournage a été important pour le producteur marocain, d’autant que le royaume «n’était pas la destination initiale pour le tournage de certaines séquences».

«C’était l’Inde qui avait été choisie, mais avec l’aggravation de la situation épidémiologique liée à la Covid-19 là-bas, l’équipe a décidé de changer de cap et venir au Maroc. Donc même le scénario a été entièrement réécrit pour faire de notre pays la nouvelle toile de fond.»

Au total, «cinq charters ont été prévus pour assurer tous les voyages nécessaires et acheminer le matériel dans les meilleures conditions, grâce à la mobilisation des cargos de la Royal air Maroc (RAM), qui s’est rendue disponibles pour assurer tous les déplacements de l’équipe du film entre le Royaume-Uni et le Maroc dans les deux sens», a ajouté Zakaria Alaoui.

Revenant sur le relai médiatique du projet, il a affirmé par ailleurs que «ni The Sun, ni la presse étrangère ni la presse nationale n’ont été présent sur le lieu du tournage, en raison des restrictions liées à l'urgence sanitaire». Il a rappelé que l'équipe de tournage était elle-même tenue de «respecter un protocole strict sur le plateau, avec un système de zonage et des tests PCR réalisés toutes les 48 heures, grâce à l’implication professionnelle d’un laboratoire qui a travaillé exclusivement avec l’équipe, tout au long de sa présence au Maroc».

«En tant que producteur, ce travail revêt pour moi une dimension particulière aussi, comme il intervient dans une période importante de ma vie où je couronne mes 40 ans dans la production cinématographique au Maroc. Vu ainsi, le fait de travailler sur le dernier volet de la saga d’Indiana Jones a eu une grande symbolique pour moi», nous a confié Zakaria Alaoui.

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