Maroc : le gouvernement lance une réforme pour dynamiser l’exploitation des mines

Le ministère de l’énergie et des mines est en train de préparer une nouvelle loi pour réformer le secteur des mines du pays, une loi qui sera lancée l’année prochaine, rapporte l’agence Reuters dans une dépêche parue hier vendredi 29 juin. Cette réforme viendra dépoussiérer le secteur régit par des lois datant de plus de 60 ans.

Redynamiser les exportations

Ne s’appliquant pas aux phosphates, cette nouvelle loi a pour principal objectif de booster les exportations de ressources minières du pays notamment celle de magnésium, zinc, argent ou encore cobalt, ainsi que de créer de nouveaux emplois dans le secteur. Il faut dire qu’à cause d’une législation trop vieille, une bureaucratie omniprésente, un manque de motivation et d’initiative de la part des opérateurs pour chercher de nouveaux sites d’extraction ou encore l’inaccessibilité des sites existant offrant un grand potentiel, sont là quelques unes des raisons qui ont paralysé le secteur ces dernières années. Résultat : les richesses du sous-sol marocain, sans les phosphates ne contribuent aujourd’hui qu’à moins d’1% du PIB, a indiqué Fouad Douiri, le ministre de tutelle à Reuters. Ce qui est très peu. 

L’autre grand objectif de la réforme est d’imposer des lois pour mieux faire respecter l’environnement sur les sites d’extraction de minerais. Par exemple, avec cette nouvelle loi, les professionnels du secteur auront pour obligation de mener régulièrement des études pour évaluer l’impact de l’exploitation des mines sur la nature et l’environnement. Le ministre n’a pas souhaité donner plus de détails sur cette nouvelle stratégie mais il a promis de dévoiler une partie de cette nouvelle stratégie avant la fin de cet été. Il a ajouté que les premiers éléments de la loi seront soumis au Conseil des ministres, puis discutés au Parlement.

Une meilleure répartition des richesses

Néanmoins, vouloir booster les exportations d’argent ou de zinc tout en respectant l’environnement n’est pas la seule raison qui a motivé le ministère des mines à lancer un tel projet. Le gouvernement en avait tout simplement assez d’être pris en otage et de subir les différentes pressions exercées par les populations locales vivant à proximité d’un site minier sur les sociétés opératrices qui réclamaient de mieux profiter des retombées des richesses du sous-sol de leur région.

Dans certains villages, les manifestations organisées ont été une réelle menace pour les opérations minières. C’est ce qui s’est passé notamment à Imiter, village berbère niché au pied du Haut Atlas. Depuis le mois d’août dernier, des villageois avaient manifesté et fermé le principal puits qui alimentait depuis 2004, la mine d’argent de la Société métallurgique d’Imiter, une filiale du groupe Managem, la société dominant dans le secteur et filiale de l’ONA. La fermeture du puits principal avait provoqué une baisse de la production de 40%. Alors que la SNI avait généré en 2010, un chiffre d’affaire de 74 millions d’euros, les villageois se plaignaient de ne pas avoir un hôpital au village, le plus proche se trouvant à Ouarzazate à 200 kilomètres d’Imiter. Les villageois accusaient également la société de polluer la nappe phréatique et ne pas respecter l’environnement, une contamination qui avait provoqué la mort de troupeaux de moutons chez certains villageois.

Quand les villageois d'Imiter manifestent pour une meilleure répartition des richesses