Le Maghreb et le Moyen-Orient ont eu le droit à leur printemps arabe et au Canada, les étudiants au Québec mènent actuellement leur «printemps d’érable». Depuis maintenant plus de 100 jours, les étudiants sont dans la rue, nuit et jour, pour contester la hausse des frais de scolarité de 75% sur 5 ans afin de renflouer les caisses des universités qui sont en déficit. Actuellement un étudiant canadien paie 1300 dollars canadiens par semestre, soit 11 000 dirhams environ.
Pour mieux briser la grève estudiantine, le gouvernement n'a pas hésité à monter le ton et a adopté une loi polémique, «la loi matraque» qui interdit les manifestations des étudiants au sein des universités. Une loi jugée liberticide par les étudiants qui a fait encore plus monter la colère des manifestants dans les rues.
Avec toutes ces manifestations, comment réagissent les étudiants marocains qui font leurs études au Québec ? Se sentent-ils concernés par l’augmentation des frais de scolarité ? Descendent-ils dans la rue aux côtés des autres étudiants par solidarité ?
Belle voiture et week-end à New York !
Mohammed est étudiant à l’Université de Sherbrooke située dans le sud du Québec à une trentaine de minutes de la frontière américaine. Originaire de la ville de Fès, il fait des études en génie informatique et y est inscrit depuis 2009. Cette université accueille plus de 600 étudiants marocains. «Vous savez les Marocains ici ne se sentent vraiment pas concernés par les manifestations et l’augmentation des frais de scolarité. Ils paient déjà 7000 dollars canadiens le semestre [plus de 60 000 dirhams] ! En plus de ça, il faut ajouter les frais de vie, les loyers sont très élevés. Ce n’est pas quelques centaines de dollars qui vont faire la différence pour eux ! Ces étudiants-là sont les enfants de la crème de la crème et ont étudié dans les lycées de la mission au Maroc. Ce sont des "fils de". Certains n’hésitent pas à partirà New York rien que pour un week-end . Je connais même trois frères marocains qui étudient à la fac et qui ont chacun leur propre voiture !», lâche Mohammed. «Quant aux étudiants qui sont un peu plus modestes, eux aussi s’en fichent un peu des grèves. Ils ont d’autres soucis en tête comme par exemple finir leurs études, trouver un travail, demander la nationalité canadienne, payer leur billet d’avion avec la RAM qui sont excessivement chers» ajoute-t-il.
Mohamed, lui aussi avoue ne pas se sentir concerné par les manifestations. Il explique que son rêve est de rentrer un jour au Maroc pour y travailler et que sa priorité actuelle est de profiter un maximum de son séjour, de réussir et d’acquérir une expérience. Pour lui, ces manifestations sont surtout un enjeu pour les futurs étudiants canadiens.
Si les Canadiens trinquent, les internationaux trinqueront aussi !
A l’Université de Montréal, c’est une autre histoire pour Faissal, doctorant en biochimie clinique, originaire de la ville de Sefrou. Agé de 28 ans, cela fait 4 ans qu’il vit au Canada. Lui n’a pas à eu à payer des frais de scolarité mirobolants. Il est titulaire d’une bourse versée par Montréal. Mais cela ne l’empêche pas de prendre part à des manifestations ou à des assemblées d’étudiants à l’université pour soutenir le mouvement et ficeler des propositions pour le gouvernement. «C’est vrai que moi je ne suis pas directement touché par la hausse de ces frais de scolarité. Néanmoins je pense aux futurs étudiants internationaux et surtout marocains. Aujourd’hui, le débat sur les frais de scolarité pour les étudiants internationaux n’est pas encore ouvert. Mais ce qui est sûr, c'est que si les étudiants canadiens finissent par abandonner leur lutte et accepter que ces frais augmentent, les frais des étudiants internationaux seront également revus à la hausse», conclut-il.