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Grand Angle

Diaspo #193 : Hassan Chraibi, inspirant parcours d’un Marocain chez Airbus

Depuis qu’il a intégré Airbus en 2008 en tant que stagiaire, ce natif de Tanger gravit les échelons et multiplie les missions chez le constructeur aéronautique européen. Aujourd’hui, il est vice-directeur de l’usine de Brême, deuxième plus grand site d’Airbus en Allemagne et figure dans le TOP 1% des plus jeunes séniors managers.

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Hassan Chraibi est vice-directeur de l’usine de Brême et figure parmi le TOP 1% des plus jeunes séniors managers d'Airbus. / DR
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Aujourd’hui vice-directeur de l’usine Airbus de Brême et figurant dans le TOP 1% des plus jeunes séniors managers de la compagnie, Hassan Chraibi a dû construire son réseau à partir de zéro et surmonter plusieurs défis avant de gravir les échelons chez le constructeur aéronautique européen. Né en 1988 à Tanger, le trentenaire marocain a suivi des études d’abord via le système marocain jusqu’au collège puis dans le système français avant de décrocher son baccalauréat en économie. Il plie bagage pour la France, où il intègre une prépa HEC dans la région de Clermont-Ferrand.

De tous les choix dont il disposait, Hassan Chraibi choisit d’intégrer la Toulouse Business School en 2008 pour un Master en management industriel. «Petit, on me surnommait l’astronaute car j’avais toujours la tête dans les étoiles», se souvient-il, en rappelant qu’il savait que Toulouse était le cœur battant de l’industrie aéronautique française et européenne. «Je venais du Maroc et même après avoir passé quelques années près de Clermont-Ferrand, je n’avais pas de réseau», se rappelle-t-il.

«En tant qu’étudiant, on essaye comme on peut de s'en sortir. Je voulais cependant intégrer l’aéronautique au point de devenir mon obsession, même sans contact ou aide particulière de l’étranger ou de la France et sans ressources.»

Hassan Chraibi

C’est ainsi qu’il entame une quête pour se constituer un réseau, finissant par tomber sur un lauréat de son école ayant déjà effectué un stage chez Airbus. Heureusement pour le Marocain, sa source le met en contact avec un responsable à la recherche d’un stagiaire pour le département des achats. Il intègre donc l’entreprise de ses rêves pour trois mois de stage. «J’étais tel un enfant dans un magasin de jouets en travaillant au sein de la chaîne d’assemblage du siège toulousain d’Airbus. Avec des avions à gauche et à droite, le site est immense avec plus de 20 000 employés et l’expérience était incroyable», décrit-il.

De stagiaire à Toulouse à vice-directeur de l'usine de Brême

Après ce premier stage, un contrat d’apprentissage s’offre à Hassan Chraibi. Grâce à ses efforts personnels, il réussit à convaincre les ressources humaines de l’entreprise de s’ouvrir aussi sur les lauréats de son école. Le natif de Tanger finit par décrocher le poste chef de projet en logistique et chaîne d’assemblage à Airbus-Toulouse en contrat d’apprentissage, qu’il assure de 2009 et 2011.

Son engagement, son dévouement et sa motivation finiront par payer. Son diplôme de Master obtenu en 2011, Hassan Chraibi est sélectionné à la sortie de l’école, dans le cadre du programme mondial de recrutement de talents d’Airbus. «C’était un programme très sélectif qui a duré 9 mois pour choisir un candidat sur 1 000», explique-t-il. Il est alors déployé à Saint-Nazaire, à l’ouest de Nantes, en tant qu’adjoint du responsable des achats de l’usine d’Airbus, où l’entreprise fabrique la moitié avant du fuselage.

«Ce programme de recrutement m’a permis d’être intensément formé pendant deux ans à la gestion de projet, à la communication et à la gestion des équipes. Beaucoup d’entreprises doivent s’en inspirer, dont celles au Maroc, car en recrutant et en investissant dans des jeunes, vous façonnez des leaders du futur et vous leur inculquez la culture de l’entreprise.»

Hassan Chraibi

A seulement 24 ans, il devient chef de projet en charge de la réduction des pièces manquantes en 2012 et en apprend encore plus sur les fondements de la performance industrielle. «Je commençais à 6h du matin et je devais faire du reporting au board de management à 19h du soir. C’était des journées de folie mais ça en valait la peine», commente-t-il.

Un an plus tard, le jeune cadre est appelé à changer de pays. Avec sa femme rencontrée à l’école de commerce de Toulouse, le couple opte pour l’Allemagne. «On maîtrisait l’espagnol, l’arabe, l’anglais et le français mais on ne pouvait même pas dire Salamo alaikoum en allemand», ironise le trentenaire, en affirmant qu’il avait fini par réussir à surmonter ce défi grâce à l’un des membres de son équipe qui ne parlait pas anglais et avec lequel il devait communiquer.

Construire des ponts entre différents métiers et nationalités

De chef de projet à la direction de la gestion de la chaîne d’approvisionnement Cabine à Hambourg, Hassan Chraibi est appelé à l’usine de Brême (nord-ouest de l'Allemagne), deuxième plus grand site d’Airbus dans le pays et qui fabrique des ailes long-courrier, pour occuper le poste de vice-directeur de l’infrastructure. Celle-ci fabrique aussi l'A400M (avion militaire) et est un centre important de l'exploration spatiale habitée. Le site œuvre aussi au développement de nouvelles technologies renouvelables. Le Marocain s’occupe de deux volets : «un rôle opérationnel en tant que responsable d’environ 150 personnes dans les domaines de la production, la logistique, la maintenance industrielle et la gestion de la performance ainsi qu’un rôle stratégique en travaillant au développement de futurs projets pour l'usine», détaille-t-il.

«Quand j’observe mon parcours à Airbus, je constate que l’entreprise m’a permis de construire des passerelles entre ingénieurs et non-ingénieurs et entre des personnes venant de différents pays et continents. La culture marocaine nous prépare bien à jouer ce rôle de pont.»

Hassan Chraibi

D’ailleurs, le Marocain affirme avoir toujours gardé un œil sur son pays. D’abord, à travers la création d’une plateforme de production au Maroc pour les produits textiles pour son école et l’intégration du bureau de Toulouse de l’association des Marocains aux grandes écoles (AMGE), mais aussi depuis son poste. «Lors de mon expérience à Airbus, j’ai déjà voyagé au Maroc en tant qu’auditeur de la qualité de la production de l’usine et j’étais vraiment impressionné par le niveau de la formation dans le pays», ajoute-t-il avec un brin de fierté. Car pour Hassan Chraibi, «l’ambition du secteur industriel au Maroc est à saluer». «Le royaume se positionne  avec une belle vision de se transformer en développant de plus en plus de compétences», ajoute-t-il.

«Je suis de très près le développement aéronautique au Maroc. Airbus étant également présent localement, je ne me ferme pas à l’idée de rentrer dans le pays. Je vois le développement du secteur industriel au Maroc avec beaucoup d'optimisme.»

Hassan Chraibi met aussi en avant la formation, en conseillant de développer des «relais entre le chercheur dans son université et l'entreprise sur le terrain». «C’est la technologie qui apporte la richesse des nations sur le long terme, et celle-ci doit être développée avec la même priorité que la compétitivité économique», conclut-il.

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