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Grand Angle

Le Maroc est-t-il menacé par la radicalisation de ses ressortissants dans les prisons espagnoles ?

En Espagne, la radicalisation dans les prisons est une question qui préoccupe les autorités ibériques et alimente le débat publique. Le Maroc est concerné puisque Madrid expulse, chaque année, vers Rabat quelques milliers de sans papiers dont d'anciens détenus pour des délits de droit commun.

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Une prison en Espagne. / DR
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En Espagne, la loi sur les Etrangers, en vigueur depuis janvier 2000, dicte l’expulsion des djihadistes vers leurs pays d’origine une fois purgées leurs peines d’emprisonnement. Des allers simples connus des autorités des pays d'origine de ces détenus pour terrorisme. C’est le cas du Marocain Hassan El Haski, accusé dans les attentas du 11 mars 2004, et renvoyé en 2019 au Maroc.

Mais qu’en est-il des autres ressortissants, sans papiers, arrêtés en Espagne pour des délits de droit commun et qui se sont radicalisés durant leurs séjours dans les centres pénitentiaire ibériques ? La coopération sécuritaire entre les deux pays couvre-t-elle cette question ? Et est-ce que autorités marocaines sont-elles informées par leurs homologues espagnoles du pourcentage des prisonniers qui seraient passés de la délinquance criminelle à l’extrémisme religieux ? Autant de questions tapies sous le flux des éloges quant à la coordination antiterroriste maroco-espagnole.

«La question est préoccupante !»         

Cette catégorie constitue, en effet, une vraie menace. C'est le cas notamment d'Abdelkahek Es Satty, qui a pu éviter le refoulement vers le Maroc pour ses liens avec les renseignements ibériques après sa sortie de prison en 2016. Cet ancien trafiquant de drogue, devenu imam de Ripoll, est le chef de la cellule derrière les attentats de Barcelone d’août 2017. Si son cas est connu, de nombreux autres Marocains radicalisés en prison ont pu regagner le pays sous les radars.

Selon des données officielles, environ 5 180 Marocains en situation irrégulière ont été expulsés par l'Espagne en 2020. Il est difficile d’identifier avec précision le nombre exact d’expulsés radicalisés dans les prisons espagnoles. «La question est préoccupante», reconnait brièvement sous couvert d’anonymat une source sécuritaire contactée par Yabiladi. Une réponse laconique attestant que le débat public au Maroc ne s’est pas encore approprié ce sujet hautement sensible pour la sécurité du royaume.

En revanche, l’Espagne a parcouru du chemin. Le ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Secrétariat général des institutions pénitentiaires, a mis en place le «Fichier de suivi de pensionnaires spéciaux». Un mécanisme qui, au fil des mois, a prouvé son efficacité. Il a d’ailleurs permis, par exemple, l’arrestation en décembre de Yassine Khadroui pour terrorisme. Il est soupçonné de vouloir former une cellule djihadiste au Maroc pour retourner en Espagne et y commettre des attentats.

Auparavant, Khadroui était incarcéré à Las Palmas pour trafic de drogue, possession d’armes sans autorisation et agression sexuelle. Quatre mois après cette interpellation, la police a détenu trois pensionnaires de la prison de Murcie pour terrorisme et qui avaient tous suivi le même processus de radicalisation.

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